L’épave du sous-marin néerlandais coulé en 1941 au large de la Malaisie a été pillée
Dans un communiqué publié le 4 juillet, le ministère néerlandais de la Défense a fourni une mise à jour sur les recherches archéologiques sur deux sous-marins de la marine royale néerlandaise (Koninklijke Marine) qui ont été coulés au large des côtes de la Malaisie pendant la Seconde Guerre mondiale.
Ainsi, admis au service en 1939, le HNLMS O 20, l’un des premiers sous-marins à être équipé d’un snorkel, est très vite affecté aux Indes néerlandaises. Après l’attaque japonaise contre la base navale américaine de Pearl Harbor, il reçoit l’ordre de patrouiller en mer de Chine méridionale, avec son « jumeau », le HNMS O 19. Le 19 décembre, repéré par trois « destroyers » de la marine impériale japonaise, il s’enlise dans la vase après avoir évité plusieurs grenades sous-marines.
Ayant finalement réussi à refaire surface, le HNLMS O 20 commença à prendre l’eau au niveau de l’arbre porte-hélice. De nouveau sous le feu, sérieusement endommagé, son commandant donna l’ordre de le saborder. Le destroyer Uranami récupéra plus tard les 32 membres d’équipage survivants.
Ce n’est qu’en 2002 que l’épave du HNLMS O 20 a été découverte par une équipe de plongeurs, à 35 milles nautiques au nord-est de Kota Baru (Malaisie), à une profondeur d’environ 44 mètres.
Etant donné l’intérêt que portent les ferrailleurs aux restes de navires coulés pendant la Seconde Guerre mondiale, la mission néerlandaise a voulu vérifier s’ils étaient toujours là. Ce n’était pas gagné d’avance puisqu’en 2019, les épaves de deux autres sous-marins de la Koninklijke Marine n’avaient pas été retrouvées.
Toutefois, selon le communiqué du ministère néerlandais de la Défense, l’épave du HNLMS O 20, qui est probablement aussi le lieu de repos final de sept sous-mariniers disparus à l’époque, a été retrouvée intacte.
« Compte tenu des déceptions précédentes de 2019 (…), il y avait peu d’espoir pour le O 20. Nous avons été très heureux et surpris de découvrir que ce sous-marin est toujours là ! », a résumé Martijn Manders, archéologue naval et chef de l’expédition lancée par l’Agence néerlandaise du patrimoine culturel.
Cependant, la situation était différente pour le deuxième sous-marin recherché, à savoir le HNLMS K XVI.
Déployé aux Indes néerlandaises en 1935, un an après sa mise en service, ce navire d’environ 1 000 tonnes s’est illustré en coulant le destroyer japonais Sagiri, à environ 35 milles nautiques au large de Kuching (Malaisie), le 24 décembre 1941. Après avoir échoué à faire de même avec le Murakumo, il fut pris en chasse par le sous-marin japonais I-166, qui ne lui laissa aucune chance. Il sombra dans les profondeurs de l’océan avec ses 36 hommes d’équipage.
L’épave du K XVI a été découverte en octobre 2011 par des plongeurs amateurs australiens et singapouriens. Mais sa localisation aurait dû rester confidentielle… car elle a depuis été pillée.
« Malheureusement, le KXVI n’a pas été retrouvé à l’endroit où il a coulé. Les plongeurs n’ont retrouvé que quelques restes. Il y avait aussi d’autres objets indiquant qu’il y avait eu des activités de sauvetage. Ce sous-marin a donc été récupéré illégalement. Les tombes des membres d’équipage décédés ont été profanées », a indiqué le ministère néerlandais de la Défense.
« L’acier des sous-marins coulés est précieux car il est d’une qualité exceptionnelle pour avoir été produit avant les premières explosions nucléaires dans l’atmosphère », a-t-il expliqué.
La Chine est régulièrement accusée de piller les épaves de navires coulés pendant la Seconde Guerre mondiale. Le navire de sauvetage Chuan Hong 68, exploité par Fujian Ya Rui Marine, est connu pour mener ce type d’activité. L’année dernière, il a été accusé d’avoir « enlevé » les épaves du cuirassé HMS Prince of Wales et du croiseur HMS Repulse, coulés au large des côtes malaisiennes.
Jusqu’à présent, malgré plusieurs saisies, le Chuan Hong 68 a toujours réussi à échapper aux poursuites judiciaires. Du moins jusqu’à récemment… Le 2 juillet, les autorités malaisiennes ont en effet indiqué l’avoir immobilisé après avoir constaté, lors d’une inspection, « des irrégularités dans les documents du navire et les certificats de dédouanement ».
Entre-temps, le ministère néerlandais de la Défense a annoncé que des consultations auront bientôt lieu avec le gouvernement malaisien pour trouver un moyen de préserver l’épave du sous-marin O 20 de toute tentative de sauvetage illégal.