Climatisation, toilettes, sièges… Comment la SNCF prépare ses TGV aux grands départs de l’été
Alors que la SNCF fera circuler tous ses TGV cet été, il faut à tout prix éviter les pannes et les immobilisations. Pour y parvenir, une grande opération de maintenance préventive se déroule entre avril et juin. Reportage.
L’été s’annonce à nouveau chaud pour la SNCF, qui prévoit de faire rouler l’ensemble de ses 363 TGV pour répondre à la demande. Un choix pragmatique mais évidemment risqué : la moindre panne ou immobilisation peut avoir des effets en cascade sur le réseau, notamment les jours de grands départs comme ce samedi 6 juillet.
Evidemment, l’exploitant n’aborde pas cette période critique avec une fleur dans son fusil. En plus de ses opérations classiques de contrôles et de maintenance, la SNCF organise chaque année, d’avril à juin, son grand nettoyage de printemps appelé dans le jargon : ATS pour « Autres Travaux Systématiques avant la saison chaude ».
BFM Business vous emmène au Centre Technique Est-Europe, situé à Pantin en région parisienne, où sont réalisées ces opérations.
28 hectares, 800 techniciens
« Pour l’été, nous modifions notre organisation pour avoir le plus de trains disponibles possible ; les travaux se font principalement de nuit », explique Jean-Philippe Martin, le directeur du Technicentre.
Dans cette cathédrale industrielle de 28 hectares où travaillent en toute quiétude 800 personnes, les TGV subissent une sorte de contrôle technique, un peu à la manière des automobiles.
De nombreux points sont scrutés par les techniciens, vérifiés comme les pièces d’usure, les organes critiques, les éléments du moteur… Il s’agit d’effectuer une maintenance préventive, de trouver la panne et ainsi pouvoir les anticiper, de changer les pièces si nécessaire. Mais aussi de nettoyer l’extérieur des trains pour leur redonner un coup de jeune et éviter que les moteurs ne s’encrassent.
Mais l’accent est mis avant tout sur l’intérieur des voitures et le confort des passagers. En tête de liste figurent les unités de climatisation, éléments très sensibles lors des grandes chaleurs estivales.
La climatisation, objet de tous les soins
Il faut dire qu’il est quasiment impossible de faire rouler un train sans climatisation. Si ce composant tombe en panne dans une voiture avant le départ, la chaleur à bord peut vite devenir insupportable.
Bien qu’il soit encore possible pour le chef de train de déplacer les passagers d’un wagon à l’autre, lorsque le train est plein, comme ce sera le cas cet été, cela devient problématique.
« On ne peut pas y installer de clients », résume Jean-Philippe Martin. « Dès septembre, on commande des pièces détachées, on sécurise l’approvisionnement, notamment tout ce qui concerne la climatisation. »
Les opérations consistent à nettoyer les blocs, à examiner la moindre fuite de fluide et à tester.
Ainsi, sur les quais du Technicentre, une dizaine de nouveaux appareils de climatisation de plusieurs centaines de kilos attendent patiemment sous des bâches. Le remplacement d’un appareil nécessite 8 à 10 heures de travail et 4 agents.
« Depuis plusieurs années, dès que c’est l’été, nous prêtons des agents et augmentons le stock de pièces, ce qui nous permet de réparer beaucoup plus rapidement les climatiseurs qui vont être utilisés. Cela nous permet d’être réactifs, d’intervenir sous 48 heures et de remettre le train en circulation », explique Elodie Creuzot, responsable locale climatisation à la SNCF.
Mais si les délais sont trop longs, nous préférons lors de cette opération spéciale pour l’été, démonter puis changer le bloc plutôt que réparer, pour aller plus vite. Toutes ces opérations pour la climatisation devaient en effet être terminées le 24 juin, pour être prêtes pour le début des vacances.
Toilettes : une technologie complexe
Un autre point clé pour le bon fonctionnement d’un train est celui des toilettes, elles aussi très demandées. Si dans les anciens trains Corail, les toilettes se limitaient à une cuvette donnant directement sur la voie, celles du TGV sont complexes.
Un TGV à deux étages dispose de 14 toilettes et leur disponibilité est un enjeu crucial car si plus de trois d’entre elles sont en panne, le train ne roule pas. Ces toilettes, bordées de capteurs, sont communicantes.
« Nous disposons d’un boîtier qui nous informe des pannes détectées par le service sanitaire car il est équipé d’un automate et de nombreux capteurs », explique Manon Goncalves, opératrice de maintenance des équipements de confort. « En fonction des pannes signalées par le boîtier, nous pourrons appliquer certaines réparations et dépannages. »
Les pannes les plus fréquentes sont hydrauliques, pneumatiques ou liées au niveau du réservoir d’eau claire.
Nous nous dirigeons ensuite vers l’intérieur de la voiture où les équipes de Claire Corral-Colliere, responsable du pôle opérationnel mécanique et confort, s’affairent à vérifier l’état des sièges, des appuis-têtes, des accoudoirs, des tables et même des lumières et du Wi-Fi…
Une « task force » va intervenir à la gare
Pour préparer l’été, une soixantaine d’agents par jour sont mobilisés pour ces tâches contre une trentaine habituellement.
Mais comme le risque zéro n’existe pas, et pour éviter d’envoyer des trains en maintenance pour des pannes mineures, la SNCF a mis en place une « task force » qui peut intervenir directement en gare terminus. Notamment pour remettre en marche des toilettes bouchées.
« On ne le faisait pas avant, mais ça permet de ne pas avoir à immobiliser un train même si le temps d’intervention en gare est très limité. On doit aller vite, pour que la panne (comme un réservoir d’eau propre vide) soit réparée, mais ça soulage les Centres Techniques », explique Cyrille Deneux de l’équipe maintenance des équipements de confort.
Anticiper et être réactif sont donc les maîtres mots de la SNCF pour cette période très particulière de l’été. Mais la compagnie ferroviaire l’assure : « nous sommes prêts ».