Cocaïne, ecstasy, héroïne… : l’inquiétante hausse de la consommation de drogue en France
Un véritable tsunami blanc. La consommation de cocaïne explose en France, où un adulte sur dix en a déjà pris au moins une fois dans sa vie, montre une étude de l’Observatoire français des drogues et tendances addictives (OFDT) publiée ce mercredi. L’enquête sur les représentations, opinions et perceptions des médicaments psychotropes (EROPP) a été réalisée courant 2023 en France, auprès d’un échantillon représentatif de 14 984 personnes âgées de 18 à 75 ans.
« La cocaïne est de plus en plus disponible. L’offre a fortement augmenté, avec des saisies records, dans un contexte de production en forte hausse, un prix qui stagne – entre 60 et 70 euros le gramme – tandis que la pureté augmente », rappelle à l’AFP Guillaume Airagnes, directeur de l’OFDT. Colombie, premier producteur mondial, a battu un nouveau record en 2022 avec 1 738 tonnes de cocaïne fabriquées. La même année, 27,7 tonnes de poudre blanche ont été interceptées en France, selon le dernier bilan des autorités, un chiffre multiplié par cinq en dix ans.
Ecstasy, héroïne et talibans
« On peut ajouter à cela la démocratisation des usages avec une plus grande variété de types de consommation : festive, mais aussi dans des métiers où la pénibilité est forte », précise-t-il. Ainsi en 2023, près d’un adulte sur dix (9,4 %) a consommé de la cocaïne au moins une fois au cours de sa vie, contre 5,6 % en 2017. La consommation actuelle (au moins une fois sur les douze derniers mois) connaît une trajectoire exponentielle : la consommation a décuplé entre 1992 (0,3%) et 2023 (2,7%). Même constat pour la MDMA (ecstasy) : la prévalence de la consommation sur les 12 derniers mois est passée de 0,2% en 2000 à 1,8% en 2023, tandis que l’expérimentation a bondi entre 2017 (5%). et l’année dernière (8,2%).
Depuis trente ans, le cannabis reste la drogue illicite la plus consommée en France et sa distribution ne cesse d’augmenter, avec un prix compris entre 8 et 10 euros le gramme, respectivement pour la résine et l’herbe. Son taux d’expérimentation est passé de 12,7 % en 1992 à 50,4 % en 2023, soit un adulte sur deux. La consommation régulière est elle stable depuis 2014, touchant 3,4 % des adultes en France l’an dernier. « On observe une tendance au vieillissement, les jeunes consommant moins alors que cela augmente chez les plus âgés », explique Guillaume Airagnes.
L’expérimentation de l’héroïne a également augmenté, passant de 1,3 % en 2017 à 2 % des adultes l’année dernière, le taux de consommation au cours des 12 derniers mois étant stable ces dernières années à 0,3 %. La majeure partie de l’héroïne consommée en Europe provient d’Afghanistan, où l’interdiction de la culture du pavot à opium depuis avril 2022 avec le retour des talibans au pouvoir risque de réduire sa disponibilité sur les marchés, voire de provoquer des pénuries. Son offre reste pour l’instant stable, avec un prix public autour de 30 euros le gramme.
Kétamine et « chemsex »
L’étude de l’OFDT inclut pour la première fois les usages de la kétamine, du 3MMC et du GHB/GBL, trois produits de synthèse souvent prisés dans les pratiques du « chemsex », afin d’augmenter le plaisir sexuel, l’excitation ou l’endurance. L’expérimentation de la kétamine, un anesthésique détourné à des fins récréatives, atteint 2,6% chez les adultes de 18 à 64 ans et concerne principalement les jeunes de 25 à 34 ans (4,8%).
La kétamine est vendue en poudre ou en cristaux à 40 euros le gramme et arrive par fret postal, achetée sur le « darknet » – la face cachée et opaque du web – depuis l’Asie du Sud-Est, en Inde notamment. Pour le 3MMC (cathinone synthétique) et le GHB-GBL (un anesthésique et un solvant industriel, tous deux détournés de leur usage initial), les taux de tests sont inférieurs à 1 %.
En amont, pour tenter de freiner l’explosion du trafic de drogue, avec son cortège de corruption et de violence, le ministère de l’Economie a proposé, en janvier, de geler les avoirs financiers des grands trafiquants – notamment leurs avoirs bancaires ou leurs biens immobiliers. En mai, la commission d’enquête sénatoriale sur l’impact du trafic de drogue en France avait pourtant estimé que l’exécutif n’avait pas pris la mesure du problème. Elle avait alors appelé à s’y attaquer d’urgence.
SourceAFP