Dénonçant le manque de soutien du gouvernement, Stellantis menace de quitter le Royaume-Uni
Stellantis quittera-t-il le Royaume-Uni ? Le constructeur automobile pourrait y arrêter sa production en raison d’un manque de soutien aux véhicules électriques, tandis que le Parti travailliste, vainqueur des élections du 4 juillet, promet d’avancer de cinq ans l’interdiction de la vente de voitures neuves essence et diesel.
» Le fait est que la demande (de voitures électriques) n’est pas là, contrairement aux attentes « , a déclaré Maria Grazia Davino, directrice générale de Stellantis au Royaume-Uni, lors d’une conférence de presse mardi à Londres. » Nous avons besoin du soutien du gouvernement » la demande, a-t-elle insisté.
Stellantis, la société mère de Fiat, Peugeot, Citroën et Opel/Vauxhall possède deux principaux sites de fabrication dans le pays à Ellesmere Port (au nord de l’Angleterre) et à Luton (au nord de Londres).
De « gros investissements » au Royaume-Uni
» Nous avons réalisé des investissements majeurs » ROYAUME-UNI. » Mais si ce marché nous devient hostile, alors nous envisagerons de produire ailleurs. « , a-t-elle ajouté, précisant toutefois que la décision n’est pas » actuellement sur la table » et que le groupe est ouvert aux discussions.
L’actuel gouvernement conservateur a repoussé en septembre l’interdiction de vente de voitures neuves à essence et diesel au Royaume-Uni à 2035, contre l’objectif précédemment fixé à 2030. Le parti travailliste a promis qu’il rétablirait l’objectif de 2030, sans préciser notamment si des véhicules hybrides pourraient être vendus après 2030.
Besoin d’un horaire stable
Industrie automobile » n’a pas besoin de changer les règles du jeu », a réagi Mike Hawes, directeur général de l’association sectorielle SMMT, qui a organisé la conférence de presse mardi, appelant le gouvernement à « fixer l’objectif » une fois pour toutes. » Nous avons (déjà) un calendrier très très serré » dans le plan actuel « qui nous amènera à 80% (de véhicules électriques) d’ici 2030 »se souvient-il.
Il plaide pour des incitations financières à l’achat de véhicules électriques, alors que le gouvernement conservateur avait notamment mis fin en 2022 à une subvention de 1.500 livres versée aux acheteurs de certaines voitures électriques neuves.
« Réduire de moitié la TVA sur les achats de véhicules électriques neufs au cours des trois prochaines années serait utile » mettre en circulation « 300 000 voitures zéro émission supplémentaires » que prévu, suggère la SMMT dans un communiqué.
Selon l’organisation, les politiques ciblées mises en œuvre par le prochain gouvernement pourraient « générer une croissance de 50 milliards de livres (59 milliards d’euros) au cours de la prochaine décennie » et remplacer « Plus de 17 millions de voitures à combustibles fossilesdes îles dotées de véhicules zéro émission d’ici fin 2035 » .
Stellantis avait déjà menacé, il y a un peu plus d’un an, la menace de fermetures d’usines au Royaume-Uni en l’absence d’ajustements à l’accord commercial post-Brexit avec l’UE, ce qui se serait notamment traduit par l’imposition, cette année, de droits de douane de 10 % sur les véhicules électriques traversant la Manche. Mais Londres et Bruxelles se sont finalement mis d’accord, en décembre, pour reporter de trois ans l’entrée en vigueur de ces nouvelles règles.
Voitures électriques : Stellantis forme une joint-venture avec le chinois Leapmotor
Le 14 mai, le patron de Stellantis, Carlos Tavares, a officialisé, en Chine, la mise en place d’une stratégie commune avec son partenaire local Leapmotor, à qui il ouvrira les portes de l’Europe. Les deux partenaires ont fondé une coentreprise produisant des véhicules électriques à l’échelle internationale, qui livrera ses véhicules à partir de septembre en France, en Italie, en Belgique, en Allemagne, en Espagne et aux Pays-Bas.
« Nous serons en mesure d’introduire plus rapidement des véhicules électriques abordables sur nos marchés, ce qui contribuera non seulement à la croissance rentable de Leapmotor, à la croissance rentable de Stellantis (…), mais qui contribuera également plus rapidement et plus efficacement à résoudre le problème. du réchauffement climatique que nous devons résoudre “, a-t-il indiqué Carlos Tavares.
Face à d’éventuelles barrières douanières – l’Union européenne a ouvert une enquête en septembre 2023 sur les subventions accordées par la Chine à son secteur des véhicules électriques – Leapmotor envisage de produire à terme des véhicules en Europe, à l’image de BYD qui a annoncé la construction d’une usine en Hongrie, ou récemment Chery en Espagne.
(Avec l’AFP)