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Dans la manifestation féministe contre l’extrême droite : « Le RN n’a jamais été notre allié »

Plus de 200 associations féministes et queer ont défilé dimanche 23 juin à Paris et dans une cinquantaine de villes contre le Rassemblement national.

Les alertes féministes ont retenti à l’unisson dans la manifestation parisienne, à 16 heures, ce dimanche 23 juin, et les sifflets ne se sont pas arrêtés tout au long du parcours. Dans une cinquantaine d’autres villes de France, l’écho féministe a également résonné. « Tout le monde connaît le contexte »explique Suzy Rojtman, du Collectif national des droits des femmes, l’une des 200 associations appelant à la mobilisation contre le Rassemblement national.

« On connaît le RN/FN depuis longtemps, poursuit le militant, ses petits groupes fascistes, Nemesis et compagnie. Il a fallu organiser un très grand rassemblement pour s’unir et riposter. » Des structures comme la Fondation des Femmes, le Planning Familial, les centres d’information sur les droits des femmes et des familles s’inquiètent de voir leurs subventions diminuer, voire disparaître avec l’influence grandissante du RN.

« Mais nous sommes surtout inquiets pour les personnes concernées. » insiste Sarah Durocher, de Planned Parenthood, qui souligne la montée des agressions transphobes et homophobes ces derniers jours. « Les mamans de notre réseau associatif ont peur pour l’avenir de leurs enfants » rebondit Mariam Sissoko, présidente de l’association Puissance de femmes.

Les syndicats ont répondu

En Île-de-France, ces engagés tentent de sensibiliser les quartiers populaires et de tendre la main aux jeunes abstinents : « Le rôle de ces femmes est central, elles sont écoutées, respectées. Leur pouvoir d’agir est puissant mais il n’est ni valorisé ni exploité pour construire une société plus juste. »

Aux côtés des associations féministes, en tête d’affiche, plusieurs syndicats ont répondu présents. « Le RN est dangereux pour les droits des femmes, démontre Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT. Il suffit de voir leur vote à l’Assemblée nationale : 30 d’entre eux n’ont pas voté pour la constitutionnalisation du droit à l’avortement. Il faut regarder le parcours de leurs candidats, qui sont réactionnaires, conspirateurs, russophiles, racistes, antisémites. Quant au gouvernement, il ne veut pas affronter le patronat pour l’égalité professionnelle. Le Nouveau Front Populaire est clair. Il souhaite faire voter une loi pour imposer l’égalité salariale, ainsi qu’une loi organique contre les violences sexistes et sexuelles. L’affichage est terminé, nous avons besoin de politiques publiques à la hauteur. »

Sophie Vénétitay, qui représente le premier syndicat de l’enseignement secondaire (Snes-FSU), ajoute : « L’éducation nationale est féminisée à 73 %. Quand on voit le programme du RN, on sait qu’il n’en sortira pas indemne, notamment sur les questions d’égalité, de prévention des violences sexuelles, de cursus scolaire, par exemple en histoire avec la volonté d’imposer un récit national plutôt masculin. »

Muriel Guibert, de Solidaires, craint une exploitation : « La diabolisation du RN a commencé sur le plan social et elle tente désormais de le faire sur les enjeux féministes. » Ces derniers jours, Jordan Bardella a tenté de s’adresser aux femmes via les réseaux sociaux, pour rallier cet électorat longtemps négligé.

Politiser les « trans, queers, gouines » et les amener à voter en masse

Entourée d’amis et de militantes, en violet et paillettes, l’actrice et réalisatrice Judith Godrèche est désormais de toutes les manifestations féministes, depuis qu’elle a révélé les violences sexuelles qu’elle a subies étant enfant de la part du réalisateur Benoît Jacquot. « Je revenais exprès de Nantes où je présentais mon nouveau film Moi aussi contre les agressions sexuelles. Je suis là pour dire que le RN ne fera rien pour les femmes, c’est dangereux pour elles. Il faut communiquer et expliquer qu’il faut ancrer nos souffrances ailleurs. »

Le drapeau doré et irisé du Bloc Rose a une nouvelle fois rallié une foule en fête qui scandait à l’unisson : « Sauvez un PD, allez voter, sauvez nos fesses, faites une procédure ! » » Mika, d’Inverti.es, a passé sa semaine à remorquer pour le Nouveau Front Populaire, auquel le collectif a adhéré.

«  Le RN n’a jamais été notre allié. Se mobiliser est une nécessité pour nous, pour vivre. » Depuis le résultat des élections européennes et l’annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, les Inverti.es ont été rejoints par de nombreux membres de la communauté LGBTQI. Les militants parcourent les clubs, les événements comme la fierté des banlieues et bientôt la marche des fiertés du 29 juin, pour politiser les « trans, queers, gouines » et les amener à voter en masse.

Laetitia Coryn a voyagé avec son fils, son compagnon, ses amis. « Je ne vais pas assez aux manifestations, » reconnaît le quadragénaire. Mais ici, la situation est catastrophique. C’est rassurant de voir tous ces gens. Le traitement médiatique a été ignoble. On a déroulé le tapis rouge au RN. C’est bien de voir une raison ici. »

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William Dupuy

Independent political analyst working in this field for 14 years, I analyze political events from a different angle.
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