Nucléaire et énergies renouvelables, stop ou encore ?
Depuis plusieurs mois, les professionnels de l’énergie s’alarment du flou entretenu par le gouvernement sur la feuille de route des différents secteurs, qui n’a pas été présentée au Parlement. Mais la dissolution de l’Assemblée et les prochaines élections législatives les laissent dans le plus épais brouillard.
Les décisions doivent être prises rapidement
Pour résumer, le programme du Rassemblement national paralyse les promoteurs des énergies renouvelables, tandis que celui du Nouveau Front populaire inquiète le secteur nucléaire. Dans les deux camps, de nombreuses incertitudes demeurent, même si des précisions, petit à petit, sont apportées par les candidats.
Le Nouveau Front Populaire ne compte pas «ne touchez pas au parc nucléaire actuel», a déclaré, jeudi 20 juin, le député LFI sortant Éric Coquerel, devant les organisations patronales. Les décisions sont reportées « pour l’avenir, notamment lors de la présidentielle »c’est à dire en 2027.
De son côté, le 14 juin sur BFMTV, Marine Tondelier, la secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts, expliquait que« on n’ouvre ni ne ferme une centrale nucléaire en cent jours ou en deux ans »parce que « L’argent qu’on ne va pas mettre dans ces EPR, qui sont une faillite financière, peut être mis ailleurs, car quand on construit des éoliennes, c’est moins cher et plus rapide et donc mieux pour les finances publiques et pour résoudre le problème énergétique et climatique ». crise plus rapidement.
Les décisions doivent être prises rapidement
Les divergences sont fortes au sein de la coalition de gauche sur le sujet énergétique. Les Verts et LFI sont contre le nucléaire, les communistes y sont favorables et les socialistes se situent quelque part entre les deux. Pour les responsables du secteur, cela n’augure rien de bon. Ils craignent qu’avec le retour de la gauche au pouvoir, un statu quo de ne rien faire soit mis en place, alors que tous les engagements pour relancer le secteur doivent désormais être mis en pratique.
Le gouvernement actuel s’est engagé à construire d’abord six EPR2, par paires, puis huit autres, d’ici 2050. Les deux premiers seront construits à la centrale de Penly, pour une mise en service prévue vers 2035, et les travaux de génie civil préparatoire ont déjà commencé.
Chez EDF, l’inquiétude est très grande. « Il y a des décisions qui doivent être prises très vite par les pouvoirs publics, des procédures à valider, des programmes de formation à lancer », un cadre s’alarme. Les plans de conception définitifs de l’EPR2, par exemple, devraient être adoptés dans les prochains mois.
Mais l’accélération du programme nucléaire souhaitée par le Rassemblement national, qui réclame la construction de 20 EPR2, dont la moitié pourra être livrée à partir de 2031, est aussi jugée très risquée par les industriels du secteur. « Ce calendrier est intenable pour le secteur qui doit d’abord se remettre sur pied » dit un expert du secteur.
Menace d’un moratoire sur l’énergie éolienne
Sur les énergies renouvelables, le parti présidé par Jordan Bardella défend la géothermie et l’hydroélectricité et conditionne le développement du photovoltaïque à la production européenne. Selon lui, l’objectif d’atteindre une part croissante d’énergies renouvelables dans la production électrique, fixé par l’Union européenne, et qui a valu à la France une amende l’an dernier, pour non-respect des objectifs fixés, n’a guère de sens.
Selon lui, l’important est la teneur en CO2 de l’électricité. La France, grâce à son nucléaire, est déjà en tête : 20 g de CO2 par kWh, en mai, contre 304 g pour l’Allemagne.
Pour le Rassemblement national, il ne faut pas se précipiter. Il milite toujours pour un moratoire sur l’énergie éolienne, avec le démantèlement des installations les plus anciennes. « Nous sommes dans un état de droit, les autorisations ont été accordées et on ne peut pas démonter les éoliennes du jour au lendemain », » affirme France Renouvelables, le syndicat de l’éolien, sans être très rassuré.
Le parti justifie son opposition à cette énergie, parce qu’elle déforme les paysages, selon lui, qu’elle est intermittente et qu’elle coûte cher, environ 4 milliards d’euros par an. Selon la Commission de régulation de l’énergie (CRE), l’éolien terrestre devrait rapporter 3 milliards d’euros cette année.
La France aura besoin de plus d’électricité
« Mais cela ne prend pas en compte les coûts cachés, comme ceux supportés par RTE pour stabiliser le réseau qui supporte mal l’intermittence. L’énergie éolienne est également rentable car les prix de l’électricité sont élevés. Mais le moins à redire, ce sont les opérateurs. Ils bénéficient de tarifs de rachat très attractifs, fixés par la CRE, de l’ordre de 87 €/MWh sur vingt ans. C’est ce qui leur permet d’afficher un résultat net équivalent à 40 % de leurs revenus, un niveau comparable à celui du luxe. estime Michel Faure, auteur d’une note sur le sujet pour la Fondation Concorde et grand critique de l’éolien.
Un principe de réalité pourrait néanmoins s’avérer nécessaire à l’avenir, estime Jules Nyssen, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER), car la France aura de plus en plus besoin d’électricité et donc de capacité de production. « Les Français sont préoccupés par les enjeux climatiques et de souveraineté, ce qui nécessite une réindustrialisation du pays. Sur ces trois sujets, les énergies renouvelables ont des réponses à apporter. » souligne-t-il.
Que ce soit de gauche ou de droite, les ménages continuent de soutenir l’autoconsommation en posant des panneaux sur leur toit. Au premier trimestre, 54 000 nouvelles installations ont été raccordées, selon les statistiques de France Territoire Solaire, publiées le 19 juin.
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