En Slovaquie, l’extrême droite sur le sentier de la « guerre des ours »
« Si un ours attaque un être humain une fois, l’expérience montre qu’il recommencera. Dès que nous le trouverons, il sera tué immédiatement. » Ce mardi 26 mars, cela fait dix jours que Jaroslav Slastan, chef des équipes d’intervention contre l’ours brun en Slovaquie, est sur la trace de l’animal qui a blessé cinq personnes à Liptovsky Mikulas le 17 mars. La journée sur les réseaux sociaux par les habitants paniqués de cette petite ville au pied des Tatras a fait le tour de l’Europe. On voit un animal paniqué courir dans tous les sens entre les maisons.
« Les élus locaux craignent que cela ne se reproduise »explique depuis la salle de la mairie ce costaud en tenue de camouflage, qui a pris quelques minutes de pause pour raconter comment ses équipes se sont lancées à la poursuite d’un « mâle pesant environ 100 kilos ». « C’est comme une course contre la montre avec un prisonnier fugitif », compare-t-il, détaillant notamment sa panoplie de drones à vision nocturne. La pression est forte, car le sujet est devenu » politique « acquiesce le patrouilleur.
Dans ce pays d’Europe centrale doté de parcs nationaux parmi les mieux préservés du continent, la longue cohabitation pacifique avec l’ours est soudain devenue tendue depuis une attaque mortelle en 2021, la première depuis cent ans. Depuis cette année-là, le nombre d’attentats s’est multiplié, avec une vingtaine de signalements par an, relançant à chaque fois ce qui est devenu une véritable « guerre des ours » qui divise profondément les 5,5 millions de Slovaques. Quelques jours avant l’attaque de Liptovsky Mikulas, un randonneur est mort après être tombé dans un ravin après avoir fui un ours. Jeudi 4 avril, toujours dans la même région, un garde forestier a été agressé et a dû tirer des coups de sommation pour effrayer la bête.
Les plantigrades ont même participé à la campagne pour le second tour de l’élection présidentielle slovaque, organisée samedi 6 avril. Le candidat soutenu par la coalition gouvernementale populiste et pro-russe, Peter Pellegrini, a annoncé le 28 mars qu’il était favorable à faire adopter au plus vite un projet de loi présenté par le ministère de l’Environnement pour autoriser l’exploitation forestière. de n’importe quel ours « franchir une limite de 500 mètres » autour des villages, une mesure qui pourrait contredire le droit européen qui n’autorise l’abattage de cet animal protégé qu’en cas de danger direct. Contrôlé depuis octobre 2023 par le Parti national slovaque (SNS, extrême droite), le ministère demande à Bruxelles d’abaisser ce niveau de protection, avec le soutien de ses homologues roumain et finlandais.
Il vous reste 64,73% de cet article à lire. Le reste est réservé aux abonnés.