Misez sur la qualité des légumes en conserve et surgelés.
Tout se complique au fil des décennies pour la production agricole. Très appréciés des ménages français, les légumes vendus surgelés ou en conserve sont de plus en plus difficiles à produire en raison du changement climatique. La filière compte 4 500 producteurs agricoles et génère 10 000 emplois directs en France. Elle fournit 93 % des légumes transformés en France.
En raison du réchauffement climatique en cours, les rendements de la production agricole seront de plus en plus incertains dans toutes les régions du monde au cours des prochaines décennies. Pour un pays comme la France, il est grand temps de légiférer pour préserver notre souveraineté alimentaire. Car il recule dangereusement depuis plusieurs années dans presque tous les secteurs, en raison de la sous-rémunération des producteurs de matières premières, à savoir les agriculteurs. En vingt ans, la France est passée du deuxième rang mondial au cinquième exportateur net de produits agricoles. Son excédent ne repose plus uniquement sur les deux secteurs des vins et spiritueux et des céréales, dont le blé tendre et le maïs. Désormais, un poulet sur deux consommé en France est importé alors même que cette volaille est majoritairement nourrie aux céréales. 56% de la viande ovine consommée en France est importée et cette augmentation des importations est le résultat des accords de libre-échange que l’Union européenne a signés avec des pays tiers dont la Nouvelle-Zélande.
71 % des fruits consommés en France sont importés ainsi que 28 % des légumes. Dans ce dernier secteur, l’Interprofession des légumes en conserve et surgelés (dont le sigle est UNILET) privilégie les contrats annuels entre producteurs et transformateurs qui doivent ensuite trouver des débouchés dans la grande distribution pour des produits aussi variés que les haricots verts, les petits pois, les mélanges de petits pois et de carottes, épinards, maïs sucré, chou-fleur, choux de Bruxelles. Quelque 4 500 agriculteurs signent des contrats annuels avec des transformateurs dont Bonduelle, une entreprise bien connue dans les Hauts de France.
Le réchauffement climatique affecte la qualité des produits
Dans un document rendu public le 14 juin, l’Interprofession indique que « si 93 % des légumes en conserve et surgelés sur le territoire proviennent des champs français, l’industrie française n’approvisionne le marché national qu’à hauteur de 40 % ». Autrement dit, les dirigeants de Carrefour, Auchan, Leclerc et autres privilégient les produits importés de pays à faible coût de main d’œuvre pour augmenter leurs marges bénéficiaires. « Or, la présence du logo « Fruits et légumes de France » est un facteur d’achat chez plus de 3 Français sur 4 aussi bien en conserve qu’en surgelé. C’est pourquoi la profession travaille à augmenter son affichage sur les étiquettes », lit-on dans son dossier de presse.
Jean-Claude Orhan est producteur de légumes en conserve et surgelés pour la marque Daucy en Bretagne. Lors de la rencontre avec la presse du 14 juin, il a expliqué que les périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes augmentent le risque de détérioration de la qualité des légumes destinés à la mise en conserve et à la congélation en l’absence d’irrigation goutte à goutte. Ce manque d’eau durcit les pois et favorise la présence de fils dans les haricots verts. Selon lui « les solutions tardent trop à suivre les nouveaux risques observés au niveau de la production. Il faut trouver la bonne gestion des risques, sinon nous serons confrontés à une baisse de la production de légumes en conserve et surgelés dans les fermes spécialisées.»
Les conserves appréciées par 62% des ménages
Laisser baisser la production française serait d’autant plus regrettable que 62% des ménages français déclarent consommer des légumes en conserve au moins une fois par semaine et 56% donnent la même réponse concernant les surgelés. Selon les enquêtes réalisées par le secteur, 87% des conserves de légumes vendues en magasin sont destinées à la consommation domestique contre 13% dans les restaurants. Le prix moyen d’une boîte de quatre quarts de légumes, toutes variétés confondues, est de 2,25 euros en magasin. Malgré cela, les ventes de haricots verts en conserve ont baissé de -3,8% en 2023 par rapport à 2022 tandis que la part du mélange pois-carottes a augmenté de 1,3%.
Selon la nutritionniste Laurence Plumet, « les légumes cuits, qu’ils soient frais, en conserve ou surgelés, ont des valeurs nutritionnelles assez similaires. La cuisson des légumes frais est très bonne, surtout lorsqu’ils sont cuits peu de temps après la récolte avec des temps de cuisson courts. Mais il faut aussi penser aux excellentes alternatives que sont les légumes en conserve ou surgelés. Non seulement ils ont conservé l’essentiel de leurs qualités nutritionnelles, mais ils permettent aussi de manger des légumes toute l’année, à un prix qui ne fluctue pas, tout en variant les recettes pour en faciliter la consommation par toutes les catégories de la population. .
Cela nous donne de bonnes raisons de passer un peu de temps en cuisine plutôt que de se faire livrer un repas à la composition parfois douteuse et au bilan carbone souvent élevé par un coursier sous-payé.