en Gironde, ces retraités « dégoûtés » de la politique à l’approche des législatives
A deux semaines du premier tour des élections législatives et au cœur du tumulte politique, franceinfo a décidé de prendre le temps d’écouter certains Français pour comprendre leur vote. Ici, une pause dans le département de la Gironde.
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A moins de deux semaines du premier tour des élections législatives, franceinfo est allée à la rencontre de retraités qui tentent de joindre les deux bouts en participant à un vide-grenier en Gironde. Premier arrêt au stand de Jacqueline, où l’on retrouve « des jeux pour enfants, des livres, des cartes postales, des timbres, un peu de tout… » A 74 ans, Jacqueline est une habituée des vide-greniers : « Il sert d’argent de poche pour les vacances de la famille. »
C’est encore plus que de l’argent de poche, c’est un véritable complément de revenu pour celle qui perçoit une petite pension. « Juste au-dessus du minimum vieillesse » : 900 euros par mois après avoir travaillé toute votre vie. « Je travaillais comme boulanger, je travaillais dans la vigne, je faisais des travaux agricoles, des asperges et tout ça », énumère Jacqueline. Souvent des petits boulots, mais elle s’en sort toujours : « Je ne vais pas me plaindre de ma jeunesse. Les années 60, 70, je ne vais pas m’en plaindre. Avec le Smic, avant, tu payais un loyer, tu t’achetais une voiture… Maintenant, ça commence à être un peu dur. Les paniers diminuent pour le même montant. »
C’est parce qu’elle voit son pouvoir d’achat diminuer d’année en année qu’aujourd’hui la retraitée n’a plus confiance en la politique. « Je vais vous dire un truc. J’étais complètement dans la politique et là depuis 15-20 ans, ils m’embêtent, donc je ne suis plus rien. Ça ne m’intéresse plus. » Des promesses de campagne ? « Je n’écoute plus. » L’augmentation des retraites proposée par plusieurs candidats ? « Que vont-ils faire ? Il n’y a pas d’argent. La retraite à 60 ans, ils sont sympas, les jeunes travaillent à 30 ans, ils travailleront 30 ans, nous avons travaillé 42 ans. Ils ratent l’essentiel. Ils ne le font pas. vivre dans le même monde que nous. »
Ainsi, Jacqueline sera toujours en voyage le 30 juin : « Je souffre, mais je vais quand même voter. » L’idée d’une coalition entre RN et LR aurait même pu la séduire : « Que nous puissions nous entendre, former un syndicat. Si nous ne sommes pas trop stupides, cela devrait être possible. Mais alors, il y en a toujours un qui le veut plus que l’autre et qui lui tire la couverture. » Jacqueline ne se fait plus d’illusions. Et d’ailleurs, le peu qu’elle entrevoit de cette campagne électorale a mis fin au « dégoûter« totalement politique.
Ce retraité n’est pas le seul à ressentir ce sentiment de dégoût envers la classe politique. C’est un mot qui revient sans cesse. Sur le stand de Mariette et Alain, tous deux âgés de 71 ans, il y a un épisode de la campagne qui suscite des réactions. Le siège du parti LR verrouillé par Eric Ciotti : « Et dire qu’on vote pour des gens comme ça ! C’est lamentable. C’est un sketch, je ne me reconnais plus. A l’époque, je me souviens de Miterrand, c’était un gentleman quand il disait quelque chose, il était respecté. On ne le respecte pas. » Il n’y a plus de gens comme ça. »
« Je m’inquiète pour mes petits-enfants, parce que je ne sais pas dans quel monde ils vont tomber. »
« Je pense à eux, ma vie est finie », ajouta Mariette. A côté de lui, en fauteuil roulant, son petit-fils. Mariette en prend soin au quotidien. Et la perspective du RN au pouvoir lui donne des sueurs froides : « Le Front National à l’Etat. Vous imaginez ? Qu’est-ce que ça veut dire ? Je ne trouve pas qu’ils soient du tout dans le social et encore moins pour le handicap. Remarquez, la Ministre Geneviève Darrieussecq, qu’a-t-elle fait pour les handicapés. » ? Nous nous demandons. Elle devra nous dire ce qu’elle a fait.
Mariette et Alain sont tous deux d’anciens membres du PS. Ils ont quitté le parti lorsqu’Emmanuel Macron l’a rejoint. Le 30 juin, ils voteront pour le Nouveau Front populaire, sans grande conviction, notamment pour bloquer le Rassemblement national.