A Nantes, un ambulancier suspendu pendant le Covid réclame plus de 130 000 euros à son ex-employeur
L’audience a eu lieu ce mardi devant les prud’hommes. Pour lui, l’entreprise n’a pas fait tout son possible pour lui proposer un poste alternatif.
Le Figaro Nantes
« Même pour un euro, je l’aurais fait » assure l’ancien ambulancier auxiliaire Jean-Bernard Hunault. Mardi, devant les prud’hommes de Nantes, le quinquagénaire réclamait plus de 130 000 euros à son ancien employeur. Suspendu 606 jours en raison de l’obligation vaccinale des soignants pendant le Covid, il a justifié cette somme par le rappel du salaire de 20 mois non travaillés et l’indemnisation de son préjudice.
Après avoir été expulsé, il n’a eu d’autre choix que de vendre sa maison au profit d’un camping-car. En juillet 2023, il est finalement réintégré avant de démissionner fin mai 2024. « Ce n’est pas l’argent qui me motive, c’est la vérité », insiste cette personnalité locale, armée de volumineuses liasses de documents scrupuleusement lus. Cet après-midi, il était accompagné d’une vingtaine de supporters. « Il était vraiment cher »confie Christelle, du Collectif Santé 44 qui a organisé une manifestation hebdomadaire à Nantes pendant la période de suspension. « Il a réussi à faire ce que je ne pouvais pas faire, c’est-à-dire dire non au vaccin »ajoute Mallorie, 36 ans, qui marche avec une canne depuis qu’elle a été vaccinée. « Dès le début, il m’a soutenu »poursuit Jean-François Clerc, qui a perdu son fils de 39 ans deux jours après avoir reçu son vaccin en juillet 2021.
Possibilité de reclassement vers un autre poste ?
Certains d’entre eux sont restés dehors pour l’entourer, tandis que d’autres sont rentrés à l’intérieur pour assister à l’audience publique. La défense de Jean-Bernard Hunault, Me Raiffaud, reposait principalement sur le« obligation de reclassement ». En septembre 2021, son client s’est vu remettre une lettre de suspension conformément à la loi du 5 août. Pourtant, quelques jours plus tard, la société désormais rebaptisée Keolis Santé Nord Loire avait déposé en interne une offre pour un poste de régulateur, ne nécessitant pas de vaccination. Jean-Bernard Hunault en a pris connaissance via la publication Facebook d’un collègue : il n’avait plus le droit de pénétrer dans les locaux de l’entreprise et n’aurait donc jamais pu en avoir autrement. Il a postulé et a été invité à une journée de formation rémunérée pour apprendre le métier. Mais la veille, il avait annulé pour des raisons financières : il n’avait plus assez d’argent pour s’y rendre et avait estimé que l’employeur aurait pu lui fournir un véhicule. « Aujourd’hui, ce que je vais vous demander, c’est de constater qu’il y a exécution de mauvaise foi du contrat de travail dans la mesure où l’employeur a eu des possibilités de reclasser M. Hunault à un emploi pour lequel il ne disposait pas de pass sanitaire, et qu’il n’a pas tout fait pour « insiste sur ses conseils.
« Il a indiqué le 22 novembre à 3 heures du matin qu’il ne pouvait pas aller à l’entraînement. Mais il peut se présenter à l’audience du 24 novembre., a rétorqué Maître Grellety, faisant écho au jugement des référés dans lequel Jean-Bernard Hunault avait été débouté. Le cas d’aujourd’hui, similaire, a été jugé au fond. L’avocat bordelais, venu défendre le groupe de transport sanitaire, a évoqué de nombreux jugements, déterminé que la décision rendue ne ferait pas jurisprudence à l’avenir. Jusqu’à présent, des demandes similaires n’ont pas abouti. « Je n’ai appliqué que la loi du 5 août 2021 qui a été jugée conforme dans toutes ses dispositions, et pour toute violation quelle qu’elle soit des normes nationales et internationales. Cela résulte de Conseil d’État la Cour de cassation, le Conseil constitutionnel, la CJUE (Cour de justice de l’Union européenne) et la CEDH », a-t-elle conclu en demandant 5 000 euros. Elle a également rappelé que si l’employeur ne respectait pas la loi du 5 août, il risquait des sanctions pénales. Quant à une maladie révélée tardivement par Jean-Bernard Hunault, ce dernier regrettant une violation du secret médical, elle a expliqué qu’un certificat médical de contre-indication lui aurait permis d’éviter de se retrouver devant la justice.
« Procès de Nuremberg »
Maître Grellety s’est également fait l’écho des échanges de mails reçus par le groupe faisant référence aux procès de Nuremberg. Des échanges entièrement assumés par Jean-Bernard Hunault : « Nous aurions dû venir avec un camion, il y a tellement de rapports qui disent que l’obligation vaccinale était basée sur des mensonges. Quand on fouille dans l’information simplement avec ces rapports, un Etat qui déclare qu’il y a une pandémie qui n’existe pas et qui impose un vaccin qui s’avère dangereux, ça ne s’appelle pas un crime contre l’humanité ? Alors oui, j’ai cité Nuremberg, j’ai dit que face à ce genre d’évidence, c’était de la complicité. » il suppose. Elle devrait être fixée au 19 septembre, mais a déjà prévu de faire appel et n’abandonnera pas.
Son avocat Maître Raiffaud est bien conscient que les choses ne sont pas si simples : « Si les tribunaux en avaient décidé autrement, il y a des milliers d’entreprises qui auraient dû payer des salaires en disant que c’est conforme à la loi… ». Dans le département, d’autres démarches ont été engagées devant la justice selon le Collectif Santé 44. Il ne s’agit toutefois pas de sommes si importantes.