la peur, dans le camp macroniste, de se retrouver relégué à la troisième place
A défaut d’avoir construit à temps un véritable accord de gouvernement avec la gauche réformiste et la droite modérée, la majorité présidentielle craint, lors des législatives, de se retrouver écrasée entre le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire.
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A un peu plus de deux semaines du premier tour, la brève campagne des législatives bat son plein mardi 18 juin. Entre le Rassemblement national d’un côté et le Nouveau Front populaire, la majorité a du mal à se frayer un chemin. La grande peur des macronistes est de se retrouver coincés, écrasés et disparaissant entre ces deux blocs. Eviter à tout prix d’arriver dans la plupart des circonscriptions en troisième position le 30 juin, et par la même occasion laisser l’extrême droite et la gauche s’affronter en deuxième, une semaine plus tard. Au final, ne sauvez que 50 à 100 députés maximum. Emmanuel Macron comptait sur l’effet de surprise de la dissolution pour voir la gauche perpétuer ses divisions aux élections européennes et éclater en candidatures rivales pour les législatives.
La gauche, en effet, s’est regroupée en quatre jours. Une alliance qui va du trotskiste Philippe Poutou à François Hollande manque forcément de cohérence. Pour faire son retour à l’Assemblée, l’ancien chef de l’Etat feint même de croire à la retraite à 60 ans, lui, promoteur de la réforme Touraine qui a allongé la durée de cotisation jusqu’à 43 ans. Sur le fond, le Nouveau Front Populaire n’est pas d’accord sur grand-chose. Sauf sur sa volonté d’éliminer les macronistes dès le premier tour. Et c’est là que le « en même temps » se retourne contre son auteur.
Faute d’avoir construit à temps un véritable accord de gouvernement avec la gauche réformatrice et la droite modérée, la tripartition s’est retournée contre Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat voit les deux autres blocs monter leur confrontation pour provoquer sa chute.
La majorité peut sortir de ce piège en brandissant la menace d’un chaos économique et budgétaire en cas de victoire de l’un des deux autres blocs, en prétendant être le seul camp du « responsabilité », le seul à présenter des propositions crédibles et financées. C’est le leitmotiv du Premier ministre Gabriel Attal. La majorité peut aussi s’adresser à quelques alliés potentiels au cas où… C’est la raison pour laquelle la coalition macroniste, réunie sous l’étiquette « Ensemble pour la République », ne présente pas de candidats dans une soixantaine de circonscriptions, ce qui peut contribuer à faciliter l’élection de candidats de droite ou de gauche compatibles avec les députés macronistes qui auront survécu à la tempête. Comme si le chef de l’Etat espérait encore extraire du champ de ruines qu’il a créé avec sa dissolution une coalition gouvernementale qu’il n’a pas su bâtir depuis les élections législatives de juin 2022.