l’éducation nationale, loin des clichés et des polémiques
Mettre fin aux idées fausses sur l’école
de Louise Tourret
Les éditions de l’atelier, 224 p., 13,50 €
► De quoi s’agit-il ?
Parfois, pour l’observateur distrait, l’école apparaît comme un vaste terrain de jeu… pour adultes. Il y a des groupes – pédagogues contre neuroscientifiques –, des sujets populaires, et des coups qui tombent – combien de ministres ont perdu leurs dents ? Dans ce contexte, voici un livre qui se démarque.
A travers un court essai, signé de sa plume alerte, Louise Tourret, journaliste pédagogique et productrice à France Culture, parvient à sortir de la mêlée, en ne prenant pas parti pour l’un ou l’autre, mais en mettant en avant des faits et des chiffres, en 38 questions, afin de mettre fin aux idées fausses qui « Le débat éducatif pourrit dans la société »résume l’auteur.
Et l’on voit, au fil des pages, combien ces idées fausses sont nombreuses et tenaces, circulant allègrement dans les réunions de parents ; ou même parfois dans la bouche des ministres de l’Éducation nationale. De certaines accusations désormais célèbres – comme « les professeurs sont toujours absents » ce qu’Amélie Oudéa-Castéra n’aurait pas démenti – convictions fermes – « on apprend mieux dans un bon cours »repris par Gabriel Attal dans son projet de groupe de niveau –, à travers diverses certitudes frappées par le bon sens dans les familles – « nous sommes mathématiques ou littéraires ». Pour chacune de ces affirmations, Louise Tourret apporte un contrepoint documenté et précis.
► À qui s’adresse-t-il ?
Bien sûr, mieux vaut s’intéresser de près à la question scolaire pour lire cet ouvrage qui ravira les passionnés de l’école, ceux qui le font, ceux qui l’analysent et/ou qui l’observent. Mais cet ouvrage gagnerait aussi à être lu par tout parent que les polémiques régulières semblent condamner au désespoir. Ils y trouveront de vraies raisons de s’enthousiasmer et une certaine sérénité. Oui, il se passe des choses merveilleuses dans les salles de classe et nos chers petits font l’objet d’une attention très louable. Car c’est aussi un bel hommage qui s’adresse, implicitement, aux professeurs.
► Ce que nous pensons
On pourrait recommander ce livre juste pour un simple détail, qui n’en est peut-être pas un : Louise Tourret parvient à écrire une œuvre qui ne se laisse pas submerger par les sigles et les sigles. Pas si courant. Loin du jargon, tout ici est clair, précis, argumenté.
Pourtant, il y a plus. Au fil de courts chapitres, elle propose également de bonnes raisons de se réconcilier avec l’école tout en donnant la mesure de sa complexité et de son immense créativité. En déjouant les idées fausses et les clichés, ce livre montre à quel point l’éducation peut être passionnante, lorsqu’elle est libérée de l’idéologie et des plaintes des entreprises.
Ici, il y a peu de place au défaitisme, au sentiment que l’école va à la ruine et que rien ne va plus chez les plus jeunes. Au contraire, au fil des chapitres, l’auteur présente les projets qui fonctionnent, nuance les accusations, loin de faire des gesticulations. Aussi, sous son apparente simplicité, ce court-métrage apporte du recul et redonne confiance dans un système si souvent injustement critiqué.