9 femmes accusent le producteur Alain Sarde de harcèlement, agression sexuelle et viol
Le magazine Elle publie ce lundi 13 mai neuf témoignages de femmes victimes du producteur dans une enquête accablante. « Neuf témoignages d’actrices ou aspirantes actrices, dont certaines étaient mineures à l’époque, faisant état d’agressions sexuelles, de chantage ou de harcèlement visant cet homme incontournable du cinéma français, aujourd’hui âgé de 72 ans », écrit le magazine.
Neuf femmes témoignent pour la première fois sur le harcèlement, les agressions sexuelles et les viols commis par Alain Sarde en Elle, ce lundi 13 mai. Certaines étaient actrices, d’autres, mineures, pensaient réaliser leur rêve. Tous dénoncent les agissements du producteur français, et le même mode opératoire. Il repère des jeunes femmes qui débutent leur carrière, leurs agents les jettent dans la gueule de ce grand méchant loup bien connu, sous-entendant que rien n’est refusé à un homme aussi puissant. Il donne rendez-vous à elles, les attire parfois avec une boîte de chocolats puis tente de les violer, de manière « bestiale », rapporte l’un d’eux. Aujourd’hui, ils ont le courage de parler à Alice Augustin et Cécile Ollivier qui signent une enquête exclusive.
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« Je me sens sale, j’ai du mal à respirer »
Annelise Hesme fait partie de celles qui témoignent ouvertement. Elle revient sur sa rencontre avec le producteur. Elle a 20 ans, fait de grands rêves tragiques et entre impressionnée dans les locaux d’Alain Sarde. À sa grande surprise, ce n’est pas le rôle d’une tragédienne qu’il lui propose, mais celui d’une escorte, lors des soirées qu’il organise. « Je comprends qu’il me propose un travail d’escorte, je me sens sale, j’ai du mal à respirer, je rampe à reculons jusqu’à la porte, je ne veux pas qu’il voie mes fesses. Il se met à crier : « Qu’est-ce que tu veux, merde, les putes, ça ne leur suffit pas ! », témoigne-t-elle, appuyée par les souvenirs de sa sœur, également comédienne qu’elle avait appelée juste après cette rencontre. Son agent ne semble pas surpris. « Vous venez de commencer, si vous voulez que ça s’arrête maintenant, allez-y, allez voir les flics ! », se souvient-elle avoir entendu.
« Je me souviens très bien de ses lèvres, de sa bouche dégoûtante »
Elsa, dont le prénom a été modifié, raconte son viol par le producteur alors qu’elle n’avait que 15 ans. Elle espère un rôle et se rend à un rendez-vous avec Alain Sarde qui, lors d’une visite sur place, la pousse sur le lit et la viole. « Je me souviens très bien de ses lèvres, de sa bouche dégoûtante. Il était laid malgré ses mains manucurées. C’était bestial ! Je ressens toujours la pression de son corps sur le mien. Il m’a maintenue au sol et m’a violée », dit-elle. Un détail, la boîte de chocolats qu’il lui offre à son arrivée, est un détail qui revient dans plusieurs histoires. « Plus tard, dans le cinéma, j’ai entendu plusieurs femmes dire de lui : ‘S’il te donne des chocolats, sors de là !’ », raconte-t-elle. Elle n’est pas la seule femme mineure au moment des faits à témoigner dans Elle.
« Il m’a dit : « C’est de l’érotisme » en déboutonnant son pantalon »
Valérie, qui préfère garder l’anonymat, avait 20 ans lorsqu’elle a rencontré Alain Sarde qui lui a donné rendez-vous dans son bureau. Soudain, il lui pose une question : « Qu’est-ce que l’érotisme pour toi ? », rapporte-t-elle. « C’est de l’érotisme », lui dit-il en déboutonnant son pantalon. « Selon son récit, le producteur lui aurait alors sorti le pénis et l’aurait forcé à faire une fellation, avant de s’essuyer avec un mouchoir », écrivent les journalistes.
Six autres femmes racontent leurs histoires glaçantes. Des jeunes femmes piégées dans un monde qu’elle rêve d’intégrer et de normalisation des violences commises par certains de ses membres. Certains d’entre eux ont abandonné leur carrière d’acteur, aucun d’entre eux n’a été rappelé pour un rôle après ces attaques du producteur.
« Alain Sarde est indigné et dévasté par ces allégations »
Le magazine Elle a contacté Alain Sarde, qui a répondu à ces accusations par l’intermédiaire de son avocat : « Sans communiquer leur identité ni le contenu précis de leur histoire, le magazine Elle a invité Alain Sarde à répondre aux allégations de neuf femmes qui le mettraient en cause, pour la plupart une quarantaine d’années plus tard, dans le cadre d’une enquête sur les violences sexuelles au cinéma. Alain Sarde est indigné et dévasté par ces allégations, toutes fausses, qui lui attribuent des comportements qu’il désapprouve et qui lui sont totalement étrangers. Il les réfute avec la plus grande fermeté et affirme n’avoir jamais eu recours à la moindre violence ni contrainte dans ses relations avec des femmes dont le consentement lui a toujours été essentiel », rapporte le magazine.