81 députés ont signé la demande de destitution de Macron
Six écologistes et trois députés réunionnais proches de LFI ont rejoint les 72 élus insoumis à l’Assemblée nationale pour demander officiellement mercredi la destitution du président de la République, en raison de son refus de nommer Lucie Castets à Matignon, a-t-on appris auprès du groupe LFI. Cette proposition de résolution, déposée au bureau de l’Assemblée en vertu de l’article 68 de la Constitution, a été signée par 81 députés au total, sur 577, a-t-on précisé de mêmes sources.
Outre les 72 députés LFI, les signataires sont les écologistes Benjamin Lucas, Sandrine Rousseau, Clémentine Autain, Hendrik Davi, Danielle Simonnet et Alexis Corbière – les quatre derniers sont d’anciens « insoumis » de LFI – ainsi que les élus réunionnais Karine Lebon, Emeline Kbidi et Frédéric Maillot. Ces derniers, proches de LFI, siègent au sein du groupe GDR (Gauche démocratique et républicaine), qui regroupe des élus communistes et d’outre-mer.
Une « réponse politique à la mesure du coup d’État antidémocratique que mène le président »
Le lancement de cette procédure d’impeachment se veut une « réponse politique à la mesure du coup d’Etat antidémocratique que mène actuellement le président », a expliqué mardi la cheffe de file des députés insoumis, Mathilde Panot, lors d’un point de presse au Palais Bourbon. L’initiative est « à la mesure de l’indépendance dont le Parlement doit faire preuve face à un président qui se perçoit de plus en plus comme un autocrate », a-t-elle ajouté.
Le refus d’Emmanuel Macron de nommer Lucie Castets, la candidate proposée par le Nouveau Front populaire, à Matignon « constitue un manquement grave au devoir de respect de la volonté exprimée au suffrage universel », selon le texte présenté par les Insoumis. La procédure de destitution est toutefois longue et difficile à mener à bien, puisqu’elle nécessiterait in fine l’approbation des deux tiers des parlementaires réunis en Haute Cour, même si une large partie de la gauche s’est montrée réticente à la soutenir.
« Chacun prendra ses responsabilités », a commenté à ce sujet Mathilde Panot, pour qui « les positions de chaque parti ne sont jamais figées ». « Dans ce pays, il y a beaucoup de gens qui ont des choses à reprocher à Emmanuel Macron », a-t-elle ajouté, pointant le succès d’une pétition mise en ligne sur macron-destitution.fr, qui avait recueilli plus de 214.000 signatures mercredi en fin d’après-midi.
Avant d’être soumis au vote des députés, le texte doit surmonter plusieurs obstacles, à commencer par celui du bureau de l’Assemblée nationale – où le NFP dispose de 12 sièges sur 22. Cette instance pourrait se saisir de ce dossier la semaine prochaine, selon Mathilde Panot. Mais une bonne partie de la classe politique continue d’afficher son scepticisme sur les chances de succès de cette procédure. « Tout ça, c’est du cinéma, ça n’aboutira pas », a balayé le député RN Sébastien Chenu mardi sur franceinfo.
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