80e anniversaire du Débarquement : l'Élysée évince la Russie à cause de sa guerre en Ukraine
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80e anniversaire du Débarquement : l’Élysée évince la Russie à cause de sa guerre en Ukraine

80e anniversaire du Débarquement : l’Élysée évince la Russie à cause de sa guerre en Ukraine

Joe Biden, Rishi Sunak, Volodymyr Zelensky, le roi d’Angleterre Charles III, Justin Trudeau, de nombreux chefs d’État et de gouvernement sont attendus à la commémoration internationale du 6 juin, à Omaha Beach. Sous la houlette du président français Emmanuel Macron, tous veulent que ce soient les célébrations officielles des 80e anniversaire du Débarquement.

Tout le monde est en campagne électorale : le président des États-Unis se rendra aux urnes le 5 novembre ; le Premier ministre britannique fera face aux élections législatives le 4 juillet et le président français est en campagne pour les élections européennes du 9 juin. Ils joueront le rôle de l’Occident démocratique face aux régimes autoritaires et à la montée de l’extrême droite. Dès mercredi, à Plumelec (Morbihan), Emmanuel Macron a spécifiquement évoqué, lors de son hommage aux résistants bretons et aux parachutistes de la France Libre, « la vitalité de notre esprit de défense face aux dangers croissants ».

La Russie absente des commémorations

A l’occasion des commémorations, l’Ukraine est à l’honneur. Son président, Volodymyr Zelensky, devrait rester en France jusqu’au 7 juin. Après un discours devant les députés français, ce jeudi, il rencontrera également son homologue américain, Joe Biden. L’instrumentalisation de la mémoire est quelque chose à contester. Le président français est passé du dialogue et de la volonté de ne pas « humilier la Russie » à une nouvelle ligne diplomatique qui veut faire de la France l’alliée la plus proche de Kiev.

Le soutien est illimité avec l’hypothèse d’envoi de troupes au sol. Il est allé jusqu’à refuser la présence d’une délégation russe, comprenant des vétérans ou des membres de l’opposition. Le poids des victimes, avec 27 millions de morts pour l’Union soviétique, et le rôle considérable de l’Armée rouge dans la défaite de la IIIee Reich ont été effacés de l’Histoire.

L’Élysée justifie son choix : « Les conditions n’étaient pas réunies pour inviter la délégation russe, compte tenu de la guerre de conquête que mène la Russie contre l’Ukraine, dans laquelle les hostilités se sont intensifiées ces dernières semaines. » Les autorités françaises ont promis que le « contribution décisive » de l’URSS à la victoire contre le nazisme serait évoquée lors des cérémonies et lors « manifestations » prévues dans les cimetières où sont enterrés les soldats russes.

L’occasion manquée de relancer le dialogue

«Il est évident que les autorités russes ne sont guère amicales après l’invasion de l’Ukraine et sa politique répressive. Mais leur absence reste un affront au sacrifice du peuple de l’URSS qui a combattu le régime nazi. Sans leur courage, aucun atterrissage n’aurait pu avoir lieu. Enfin, en mélangeant les deux époques, nous appliquons les mêmes parallèles historiques utilisés par Vladimir Poutine.condamne le militant pacifiste russe Oleg Bodrov.

Pour de nombreux Russes, cette absence sera utilisée par Moscou dans son récit « Confrontation avec l’Occident »comme un « humiliation du peuple russe ». Car la Seconde Guerre mondiale, appelée « Grande Guerre patriotique », dans le pays, reste un événement fédérateur pour la société et un pilier essentiel du patriotisme, sur lequel joue le pouvoir.

Dans l’escalade dans laquelle l’Occident et la Russie sont engagés en Ukraine, les 80e L’anniversaire du Débarquement aurait pu contribuer à initier un dialogue entre Moscou et Kiev en présence des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de la France. En 2014, François Hollande et Angela Merkel créent le « format Normandie », après le premier conflit dans le Donbass et l’annexion de la Crimée par la Russie.

A l’époque, le président russe et son homologue ukrainien Petro Porochenko s’y parlaient pour la première fois. Selon le rédacteur en chef du journal Novaïa GazetaDmitri Mouratov, répertorié comme agent étranger par Moscou, la présence de vétérans russes aurait permis de lancer un appel » au cessez-le-feu, à la mémoire de ceux qui sont morts pour la paix pendant la Seconde Guerre mondiale ».

Malheureusement, la diplomatie française n’a pas souhaité se plier à l’exercice. Emmanuel Macron a réaffirmé l’envoi d’instructeurs français en Ukraine. De son côté, le ministre russe des Affaires étrangères a indiqué mardi que Moscou n’excluait pas de les frapper : « Quel que soit leur statut, soldat de l’armée française ou mercenaire, ils représentent une cible tout à fait légitime pour nos forces armées. »

Face à cette spirale, au retour des logiques de blocs et à une polarisation du système international, Dominique de Villepin, ancien ministre français des Affaires étrangères, dans un entretien à Monde diplomatiqueremarquerez que « Mener une diplomatie efficace, c’est d’abord savoir choisir des priorités capables de restaurer la crédibilité de la France. La première priorité est une diplomatie d’engagement au service de la paix. Un travail de longue haleine et de haute intensité, car il s’agit avant tout de recréer du lien avec le Sud. Or, nous avons perdu le contact, au cours des deux dernières décennies, au point de ne même plus entendre et comprendre ce qu’on nous dit. ». Et il appelle la France à « pour redevenir un pays mondial (…) capable de parler à tout le monde ».


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