6,87% d’IVG en plus en Bourgogne-Franche-Comté, comment expliquer cela ?
Le nombre d’IVG est en hausse en 2023 en France, mais aussi dans notre région. Le recours à l’interruption volontaire de grossesse n’est jamais un acte facile à mettre en œuvre pour une femme, quel que soit son âge. Pourquoi les IVG augmentent-elles ? Les facteurs sont multiples. Explications.
Combien y a-t-il d’IGV en France ?
Au moment du covid en 2020-2021, le nombre d’avortements avait chuté. Il commence à augmenter à nouveau.
Le nombre d’IVG réalisées en France est en hausse de 3,7% en 2023 par rapport à 2022, selon les chiffres publiés par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) mercredi 25 septembre. En France, en 2023, 243 623 femmes ont eu recours à une IVG, soit 8 600 de plus qu’en 2022.
En Bourgogne-Franche-Comté, cette hausse est encore plus forte. + 6,87% d’IVG. Le nombre d’IVG dans la région est passé de 7191 en 2022 à 7685 en 2023.
Cette augmentation, d’une part, montre qu’on a un accès à l’avortement qui est favorisé ici, et c’est forcément une bonne chose par rapport à d’autres pays, et d’autre part, on peut aussi dire qu’il y a un manque de contraception et plus de femmes qui ont recours à l’avortement.
Elise Mougenot, sage-femme au Centre Hospitalier Nord Franche-Comté
Les avortements médicamenteux sont en hausse
Depuis mars 2022, les femmes peuvent interrompre leur grossesse jusqu’à la 14e semaine, contre la 12e semaine auparavant. Cela explique en partie l’augmentation du nombre d’avortements l’année dernière, mais seulement en partie (10%).
Car d’autres facteurs contribuent à l’augmentation du nombre d’IVG réalisées par des femmes en France. Selon la Drees, ce sont surtout les IVG médicales réalisées en cabinet médical qui sont en augmentation. Elles sont plus faciles d’accès (pharmacie, médecin généraliste) et moins traumatisantes qu’une IVG instrumentale.
L’IVG médicamenteuse peut être pratiquée à domicile après une simple téléconsultation. Il existe également la possibilité d’avorter en ville jusqu’à 7 semaines de grossesse. Ces mesures avaient été mises en place pendant la pandémie de Covid et ont été maintenues en 2023.
Pas assez d’informations sur la contraception
Pour la présidente du Planning Familial Sarah Durocher interrogée par franceinfo, « L’augmentation du nombre d’avortements n’est pas un problème » en soi. Elle s’interroge cependant sur les raisons de ces recours, qui sont liées notamment au fait qu’il existe « très peu d’informations sur la contraception », rappelant que « cela fait 10 ans qu’il n’y a pas eu de campagne nationale ».
Les jeunes se protègent moins
Une étude de l’OMS, l’Organisation mondiale de la santé, révèle une baisse de l’utilisation de la contraception chez les jeunes, près d’un tiers des adolescents déclarant que leur dernier rapport sexuel n’était pas protégé. Entre 2014 et 2022, la proportion d’adolescents sexuellement actifs ayant utilisé un préservatif lors de leur dernier rapport sexuel est passée de 70 à 61 % chez les garçons et de 63 à 57 % chez les filles.
Un constat fait par cette sage-femme du Centre Hospitalier Nord Franche-Comté près de Belfort : « Les jeunes se protègent moins, ils ont plus peur des hormones et utilisent moins de contraceptifs hormonaux » témoigne Elise Mougenot.
L’accès à l’IVG reste difficile dans certains endroits
L’augmentation des IVG en France est aussi la conséquence d’une « manque d’accès à la santé »avec des attentes parfois très longues pour voir un gynécologue ou une sage-femme dans certaines zones de désert médical.
Selon une enquête de l’Institut du Planning familial, réalisée par l’Institut Ifop, en France, 82 % des femmes ayant eu recours à l’IVG reconnaissent qu’il existe encore des obstacles pour y accéder. Le manque de structures et les délais d’attente sont encore trop longs. Plus de la moitié des femmes interrogées (54 %) ayant eu recours à l’IVG dans un établissement de santé ont dû attendre plus de sept jours pour obtenir un rendez-vous pour une IVG, au lieu des cinq jours recommandés par l’Organisation mondiale de la santé.
Avortement : où le pratiquer ?
La pilule du lendemain doit être prise le plus tôt possible après un rapport sexuel non protégé. Elle est disponible en pharmacie, y compris pour les mineurs. Elle est gratuite.
Vous êtes enceinte et souhaitez avorter. Vous pouvez contacter un professionnel de la santé.
Pour les IVG instrumentales :
-dans les hôpitaux ou cliniques agréés,
-dans certains centres de santé agréés.
Pour les avortements médicamenteux :
-dans les hôpitaux ou cliniques agréés,
-dans certains centres de santé,
-dans certains centres de santé sexuelle (anciennement centres de planning et d’éducation familiale),
-dans certains cabinets en ville (gynécologues, généralistes et sages-femmes).