65 ans après sa révolution, Cuba manque de tout, y compris de liberté
REPORTAGE – Dans cette île facile à aimer mais difficile à comprendre, l’orgueil a cédé la place à la honte, la joie à la consternation et l’art de vivre à celui de la survie. L’utopie castriste a engendré une économie exsangue.
A Cuba si tu regardes mal tu as l’impression que tout va bien, mais si tu regardes bien tu comprends que tout va mal. Avec sa barbe tressée et ses longs cheveux argentés, si Salgado n’était pas un génie de la mécanique, il aurait pu être un philosophe. Tous les passionnés de Harley Davidson, comme Ernesto Guevara, le fils cadet du Che, fréquentent l’atelier de ce passionné de motos américain. Comme le blocus ne lui permettait pas d’acheter des pièces détachées aux États-Unis, Salgado les fabriquait lui-même avec une dextérité qui faisait de lui le magicien de la moto. motards de Cuba.
C’est avec cette manière unique de ne pas céder à la tragédie mais de toujours parier sur la vie que les Cubains ont érigé le système D en principe de survie. Faiseurs de miracles au quotidien, pionniers malgré eux du « développement durable », l’inventaire de leur ingéniosité s’élargit à chaque nouvel obstacle d’une inventivité digne d’admiration. Pour preuve, un tour, une fraiseuse, une machine à coudre et…