6 conseils pour préserver votre santé mentale au travail
Difficile d’avoir une carrière ascendante sans mettre son état mental en danger ? Pourtant, il est essentiel de le protéger. Et c’est possible, en commençant par suivre ces 6 conseils.
Surmenage, interruptions constantes, mauvaise ambiance ou climat d’incertitude… Notre vie professionnelle peut avoir de graves répercussions sur notre moral et notre état d’esprit. L’an dernier, 31 % des Français se sentaient tellement stressés qu’il leur était impossible d’aller travailler, révélait une étude Ipsos parue en octobre 2023 (1). Dans le même temps, 39 % des salariés français pointaient le « vrai » problème : un « équilibre vie privée-vie professionnelle » impossible, qui transforme leurs semaines en corde raide. Prêts à craquer ? 30 % des salariés ont envisagé de démissionner en 2023, pour éviter de « sévir ». Ce constat, dressé par Teale, une plateforme de santé mentale pour les salariés et les entreprises, montre bien que même s’ils n’en sont pas les seuls responsables, ni les gardiens, la santé mentale est devenue un enjeu clé pour les employeurs, et plus simplement au sein de la sphère professionnelle.
La définition de l’Organisation mondiale de la santé est claire : cette fameuse « santé mentale » désigne en réalité un état de bien-être suffisant et suffisamment stable pour permettre à chacun de s’épanouir et de travailler de manière réussie et productive. Ne pas en prendre soin, notamment au travail, « c’est risquer d’être confronté à des émotions négatives comme la tristesse, l’irritabilité, mais aussi des problèmes d’attention, de mémoire et une tendance à l’isolement social » prévient Anaïs Roux, psychologue du travail spécialisée en neurosciences, et responsable scientifique chez Teale. À long terme, dit-elle, « on se dirige vers le stress chronique, l’épuisement ou le burn-out ». Pour éviter cela, quelques mesures sont à prendre pour se protéger au quotidien.
Repérer les signes avant-coureurs
La première : l’introspection. « Savoir comment nous fonctionnons dans un état d’équilibre va nous permettre d’être attentif aux éventuels signaux d’alerte envoyés par notre corps lorsque notre santé mentale se dégrade », précise Anaïs Roux. Cette connaissance de soi passe avant tout par l’écoute de notre corps et de notre état d’esprit. On peut commencer par se demander : « Comment je me sens aujourd’hui au travail ? Et quand je rentre à la maison le soir ? » Cette habitude peut aussi être combinée à une pratique de « journaling » ou de suivi thérapeutique. Plus on se connaît dans un état de bien-être, plus on peut être à l’affût d’éventuels changements d’humeur.
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Les manifestations d’un stress intense varient d’une personne à l’autre. Selon la psychologue, « les signaux faibles peuvent être comportementaux et indiquer un changement de comportement ou une certaine agressivité. Ils peuvent aussi être physiques – ils se manifestent par des maux de tête, des troubles digestifs ou du sommeil. Enfin, ils peuvent être psychologiques ou cognitifs, et s’accompagner d’anxiété, de problèmes de concentration, de troubles de la mémoire, de découragement ou de cynisme. Leur expression peut aussi toucher le collectif, par exemple des personnes qui vont s’exclure d’un groupe, être de plus en plus absentes ou participer soudainement à la dégradation de l’ambiance de travail… » Pour éviter qu’ils ne s’aggravent, ces symptômes ne doivent pas être ignorés. Ils sont souvent le signe qu’il est temps de ralentir ou d’opérer certains changements.
Adopter un mode de vie sain
Et de faire le point sur les trois bases d’une bonne santé globale : le sommeil, l’alimentation et l’activité physique. « À long terme, une dette de sommeil nous empêche d’être fonctionnels et nous affecte sur le plan psychologique, cognitif et physique », prévient Alice Colin, psychologue clinicienne à l’ICAS, un organisme international spécialisé dans la prévention de la santé mentale au travail. De la même manière, un manque d’activité sportive et une mauvaise alimentation risquent de favoriser l’anxiété, l’irritabilité et le stress et de détériorer nos capacités cognitives (concentration, attention, apprentissage, mémoire…). Pour rappel, l’Organisation mondiale de la santé recommande de pratiquer 170 minutes d’activité physique intense ou 300 minutes d’activité légère par semaine.
Investir dans sa vie personnelle pour se déconnecter
S’il est bon de prendre le temps de bouger, il est tout aussi nécessaire d’investir dans sa vie personnelle. « Si le travail est notre seule source d’épanouissement, le risque est de s’effondrer et de faire face à un grand vide dès que l’on rencontre des difficultés – et cela arrive inévitablement dans une carrière », prévient Alice Colin.
Lire, cuisiner, se promener, aller au cinéma, dîner avec ses proches… Tout cela loisirs Les émotions positives ont une fonction réparatrice. Se déconnecter est central pour prendre soin de sa santé mentale, puisqu’il permet au cerveau de se reposer de la surstimulation et de retrouver de l’énergie, évitant ainsi l’épuisement, souligne la psychologue du travail Anaïs Roux. Pour bien se déconnecter, il ne s’agit pas de « ne rien faire ». Au contraire, la spécialiste en neurosciences conseille de pratiquer des « activités intermédiaires », comme le jardinage, les loisirs créatifs ou les mots croisés. « Toutes ces activités favorisent le repos cérébral en stimulant le cerveau sans lui imposer de contraintes en termes de performance, de temps ou de multitâche », explique-t-elle. Deux réflexes qui aident aussi : respecter ses horaires de travail et ne pas consulter ses mails les jours de repos…
Maintenir le lien avec ses pairs
Nous sommes des êtres sociaux. Au travail, il est essentiel de créer des liens. D’abord pour éviter de souffrir d’isolement, puis pour s’assurer du soutien de nos pairs au quotidien. « Entretenir des relations positives et solidaires renforce nos liens d’appartenance, d’acceptation et de sécurité, et contribue à augmenter notre sentiment de satisfaction au travail, ce qui préserve notre santé mentale », confirme Alice Colin. Ainsi, nous pouvons obtenir de l’aide en cas de besoin, mais aussi aider les autres. « De nombreuses études en psychologie positive ont démontré les effets bénéfiques de l’entraide sur l’état de bonheur et la santé mentale », informe Anaïs Roux. Un cercle vertueux.
Dis non »
Cultiver un environnement de travail sain nécessite également de fixer certaines limites avec nos collègues et notre employeur. « Sinon, on risque de faire face à une surcharge de travail, qui peut mener à l’épuisement psychologique », prévient Alice Colin. Là encore, il est utile de savoir reconnaître ses besoins, ses limites et ses difficultés pour pouvoir les communiquer à son supérieur et ainsi (re)trouver un équilibre qui conviendra aux deux parties.
Puisque personne ne peut deviner ce que l’on ressent, « il est bon de communiquer en utilisant le « je » pour décrire comment on se sent en ce moment », encourage la psychologue clinicienne. Ensuite, « on revoit avec son gestionnaire l’étendue des tâches à réaliser à court ou à long terme, pour indiquer où se situe la surcharge et demander de l’aide sur certains points bloquants », indique-t-elle. L’astuce est de savoir dire « non » tout en présentant des solutions alternatives : déléguer, obtenir plus de temps pour terminer un dossier, etc. Si on en ressent le besoin, on peut aussi demander à modifier son horaire – parfois temporairement – quitte à transférer certaines responsabilités, si elles ne nous conviennent plus.
Rechercher de l’aide extérieure
Si notre état de mal-être ne s’améliore toujours pas, il est tout à fait possible (et conseillé) de se tourner vers les services RH de l’entreprise, vers la médecine du travail voire vers un psychologue clinicien ou un psychologue du travail, s’accordent les spécialistes. « Si notre santé mentale ou physique est trop fragilisée, il ne faut pas non plus hésiter à demander un arrêt de travail, souligne Alice Colin. Une pause d’une ou deux semaines vaut mieux qu’un burn-out ou une incapacité de travail de longue durée. » Dans certains cas, il faudra envisager de changer de poste. « Car si on n’est pas toujours impliqué dans l’organisation d’une entreprise, on reste impliqué dans la manière dont on la gère », conclut la psychologue.
(1) Source : « Journée mondiale de la santé mentale Ipsos » est une étude mondiale menée auprès de 23 274 adultes dans 31 pays, entre juillet et août 2023.