5 400 canettes dans une maison saccagée : « Nous, les propriétaires, voyons toutes sortes de situations »
Une salle de bain détruite, une forte odeur de cigarette et 5400 canettes de bière abandonnées dans la cuisine saccagée: c’est ce qu’un gestionnaire immobilier montréalais a découvert en récupérant un logement laissé vacant à la suite du décès du locataire.
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« On ne voyait même plus la cuisinière et le frigo. C’est assez incroyable », raconte Stéphane Forest, qui veut mettre en lumière la détresse humaine à laquelle peuvent être confrontés les propriétaires.
Des déchets de toutes sortes jonchaient le sol du 4 1/2 du Vieux-Rosemont. « La seule chose qu’il n’y avait pas, c’était des excréments », raconte l’homme de 56 ans, qui gère une cinquantaine de logements pour quatre clients et possède une cinquantaine de portes supplémentaires.
Stéphane Forest vérifie la plomberie de la cuisine.
Photographie Axel Tardieu
10 000 $ juste pour l’odeur
Le locataire, qui a vécu seul dans les lieux pendant sept ans avant d’y décéder seul, avait obtenu de l’ancien propriétaire l’autorisation de fumer dans le logement.
Lorsque Stéphane Forest a pris possession de l’appartement, une forte odeur de cigarette régnait. Le locataire précédent utilisait un «cinq gallons» comme cendrier.
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« Il faudra débourser 10 000 $ pour enlever l’odeur », estime celui qui a été courtier immobilier pendant 20 ans.
Le locataire habitait le logement depuis sept ans.
Photographie Axel Tardieu
À cause de la fumée et du manque d’entretien, Stéphane Forest, qui aimerait pouvoir imposer un dépôt de sécurité à ses locataires, ce qui est illégal au Québec, estime qu’il devra débourser 50 000 $ pour remettre l’appartement en bon état.
- Écoutez l’intervention d’Anne-Andrée Daneau dans l’émission de Karima Brikh via QUB :
« Je préfère en rire qu’en pleurer », confie Stéphane Forest. « Le but n’est pas de le rendre super beau et de le louer super cher. L’idée c’est qu’on n’a pas le choix (de rénover) sinon on ne le louera pas. »
Il a indiqué que l’appartement devrait être à nouveau louable en décembre. Il prévoit d’augmenter le loyer, qui n’a pas augmenté depuis plusieurs années, de 500 à 1 000 dollars.
L’appartement de 700 pieds carrés est situé dans le quartier Vieux-Rosemont à Montréal.
Photographie Axel Tardieu
Les vestiges de la pandémie
Cette situation ne surprend pas Sylvia Bissonnette, coordonnatrice au Bureau des ressources des assistances sociales Villeray. Elle constate que la détresse humaine est en hausse à Montréal. « On ressent encore les conséquences de la pandémie, dit-elle. Il y a un effet de lourdeur, de peur de l’avenir chez les gens. »
La situation risque de s’aggraver, selon Martin Hotte, directeur de l’organisme Relax-Action Montréal. « L’accès à ces services (en santé mentale) est maintenant très compliqué, le réseau est saturé et cela crée un cercle vicieux avec des personnes qui risquent de s’enliser dans leurs difficultés, faute d’obtenir le soutien nécessaire », explique-t-il.
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