Selon l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, 4 924 chefs d’entreprise se sont retrouvés au chômage en Occitanie en 2023. La hausse est sans précédent.
Chaque jour, près de treize chefs d’entreprise en Occitanie ont perdu leur emploi en 2023. Au total, 4.924 managers se sont retrouvés au chômage, soit 1.374 de plus qu’en 2022. Leur nombre atteint son plus haut niveau depuis la crise financière de 2016, avec un bond de 38,7% sur un an. année, selon les chiffres de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, constitué par l’association GSC et le groupe Altares. Même les chefs d’entreprise expérimentés ont été grandement touchés.
Le président de l’association GSC, Anthony Streicher, juge ces chiffres « alarmants », mais « pas surprenants ». Plusieurs facteurs ont accentué les problèmes de trésorerie des dirigeants d’entreprises. « Hausse des taux d’intérêt, surendettement des entreprises, fin des aides Covid et moratoire de l’Urssaf… De nombreux indicateurs font craindre une accélération des liquidations judiciaires en France avec pour conséquence d’importantes pertes d’emplois », constate-t-il. Frédéric Barth, directeur général d’Altares, abonde dans le même sens : « En 2023, le ralentissement économique s’est confirmé en France comme en Europe, fragilisant encore davantage les entreprises qui ont parfois du mal à rembourser une dette devenue trop lourde », ajoute-t-il.
Disparités régionales…
A l’exception du Lot où le taux de chômage des cadres baisse très légèrement (-1%), toute l’Occitanie est concernée par ce phénomène. La Lozère enregistre la plus forte hausse avec +106,3% d’entrepreneurs ayant perdu leur activité en un an. En Aveyron, le nombre de cadres au chômage a doublé. Dans cinq autres départements, la hausse des suppressions d’emplois pour les chefs d’entreprises dépasse la barre des 40 %. Les Hautes-Pyrénées enregistrent quant à elles une hausse de +49,5%. L’Ariège, le Tarn-et-Garonne et le Tarn font à peine mieux, respectivement +43,2%, +42,8% et +40,4%. La Haute-Garonne fait partie des départements les plus impactés avec une augmentation de 47,8%. 1 160 cadres haut-garonnais ont perdu leur emploi.
D’autre part, l’ancienne région Languedoc-Roussillon se porte mieux. Les chiffres sont en effet légèrement inférieurs à la moyenne régionale. Dans l’Hérault, 1 119 entrepreneurs ont perdu leur emploi. Ils sont 597 à avoir rencontré cette situation dans le Gard, soit une augmentation de 34,2%. L’Aude et le Gers enregistrent respectivement des hausses de +34,9% +34,7%. Le département des Pyrénées-Orientales affiche le taux de progression le plus faible : 528 cadres s’y retrouvent au chômage, soit 26% de plus qu’en 2022.
…Et sectoriel
Si la crise touche tous les secteurs, la construction et le commerce représentent près de la moitié des pertes d’emplois. La hausse est également de plus de 40% dans le secteur de l’hébergement, de la restauration et des débits de boissons. A l’inverse, le secteur agricole occitan connaît la plus faible hausse (+1,2%). Par ailleurs, l’élevage a enregistré une nette baisse (-25,9%). « Certains secteurs comme la construction devraient voir leur activité repartir mais l’année 2024 s’annonce tout aussi délicate », précise Anthony Streicher.
Concernant les types de structures, les plus petites entreprises apparaissent très vulnérables. Quatre entrepreneurs sur cinq ayant perdu leur emploi en 2023 géraient une structure de moins de trois salariés. « Les TPE sont les plus nombreuses. Ces TPE sont généralement des structures familiales qui participent depuis plusieurs années au dynamisme de l’économie locale. Parfois à la santé financière fragile, ils doivent faire face depuis plusieurs mois à une trésorerie dégradée », souligne Frédéric Barth.
Pour l’année à venir, le réalisateur reste pessimiste. « La croissance devrait être faible pour 2024 et les défauts d’entreprises plus nombreux qu’en 2023. L’anticipation des risques restera déterminante », conclut-il. L’âge moyen des entrepreneurs concernés est de 46,9 ans. Pour les plus âgés d’entre eux, la reconversion professionnelle pourrait être difficile.
Marie-Dominique Lacour