Aucune commémoration n’est prévue au Parti socialiste pour célébrer cet anniversaire. Après l’éclatement du Nupes, personne ne semble aujourd’hui capable d’unir naturellement toute la gauche.
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Le 10 mai 1981, François Mitterrand devient le premier président socialiste de la Ve République. Quarante-trois ans plus tard, ce n’est qu’un très lointain souvenir, y compris pour le Parti socialiste qui n’a rien prévu de particulier pour cet anniversaire.
Cet oubli ou du moins cette absence de commémoration en dit aussi long sur l’état d’esprit de la gauche. Une gauche incapable de projeter une victoire à l’élection présidentielle. Et avant même une victoire, projet d’union durable comme l’a inauguré François Mitterrand et bien plus tard par Lionel Jospin et sa gauche plurielle de 1997 à 2002.
Nupes est désormais mort et enterré, si tant est qu’il ait réellement existé au-delà de l’accord électoral qu’il était pour les élections législatives de 2022. Cela peut paraître anecdotique mais le fait même de ne pas savoir s’il a porté les graines des profondes divergences idéologiques qui existent entre ses différentes composantes. En expurgeant un peu l’adage de Boileau, on pourrait dire que ce qui est conçu est énoncé et prononcé clairement. Le ver était dans le fruit. Les émeutes de l’été dernier puis le conflit israélo-palestinien ont eu raison de cette union menée par Jean-Luc Mélenchon et les Insoumis. Le PS, les écologistes et les communistes ont repris leurs billes. Alors bien sûr ces trois-là se parlent encore mais rien ne dit qu’ils pourront se mettre d’accord sur un programme et des candidats communs. Les élections européennes où chacun va dans son coin en sont la preuve éclatante.
La question de la direction à donner
Le score de Raphaël Glucksmann le 9 juin pourrait-il changer quelque chose ? S’il est réellement à la tête des groupes de gauche, cela pourrait avoir un impact. Principalement sur l’orientation. Raphaël Glucksmann incarne davantage une social-démocratie dont le PS actuel s’est éloigné. Un bon score de l’eurodéputé recentrerait le PS. Mais il n’est pas sûr que les communistes et les écologistes s’y retrouvent. Nous sommes loin d’une nouvelle fédération de gauche. Une chose semble presque sûre : cela se ferait sans les Insoumis.
A ce stade, il n’y a personne pour unir naturellement toute la gauche. Certains s’y verraient, François Ruffin par exemple, qui continue de dialoguer avec d’autres « syndicalistes » de gauche comme on les appelle. Un autre homme le croit, oui vous avez bien lu, c’est François Hollande. L’ancien président multiplie les déplacements sur le terrain et il n’exclut rien. On dit même qu’un bon score de Raphaël Glucksmann pourrait servir son ambition de gauche centrale et non radicale. D’autant plus si le clivage gauche/droite se réactive après la fin de l’ère Macron. Bref, c’est loin d’être fait. L’union était un miracle, elle reste encore aujourd’hui un mirage.