Nouvelles locales

40 ans après leur création, les radios chrétiennes s’engagent

Déjà codiffuseuses depuis mars, six heures de programmation commune par jour, Radio Notre-Dame (RND) et RCF (Radio chrétienne francophone) partagent désormais 100 % de leur grille. Cette période de fiançailles, qui débute ce lundi 2 septembre, culminera avec un mariage formel début 2025. Une union incarnée notamment dans une émission matinale rallongée de 6h30 à 10h et diffusée simultanément sur RCF et RND, coanimée par deux voix bien connues de leurs auditeurs respectifs : Pierre-Hugues Dubois de la première station et Louis Daufresne de la seconde.

Au rédacteur en chef de cette matinale « nouveau format », Étienne Pépin, de RCF. Depuis plusieurs mois, avec ces deux coanimateurs, ils travaillent à faire de ce moment radiophonique le plus emblématique de la journée un mélange cohérent des deux entités. « Il s’agissait d’abord de s’écouter les uns les autres. Ensuite d’identifier ce qui nous paraissait essentiel dans chacune de nos matinales, pour garder le meilleur sans dérouter complètement ni les auditeurs de RCF ni ceux de RND », précise le rédacteur en chef. Selon Médiamétrie, ils seraient environ 550 000 au total, dont 150 000 pour Radio Notre-Dame et 400 000 pour les 64 antennes de RCF.

Resteront ainsi trois segments d’informations locales, spécialité de RCF, mais aussi l’interview du « Grand Témoin », moment phare des antennes de RND. Trois prières, à 6h50, 7h50 et 8h50, viendront s’intercaler entre les chroniques, reportages, analyses et débats. « Ce qui nous a guidé, c’est la priorité donnée à l’information, à la proximité, à la spiritualité et à l’ouverture, souligne Etienne Pépin. Et cette ouverture doit embrasser tout le reste, je suis là aussi pour y veiller. »

Réunir deux sensibilités

Attendue depuis longtemps par les évêques de France, cette union est, pour Bruno Courtois, une affaire de « la nécessité ».« Il n’y a plus de raisons fondamentales de le faire séparément, commence le directeur général de Radio Notre-Dame. « Cela nous rendra plus efficaces et plus durables. » Plus forte face à la concurrence, renforcée depuis septembre 2023 par le lancement d’une radio par la télévision KTO, qui a obtenu une fréquence numérique. Et idéalement moins chère. Si Radio Notre-Dame vit exclusivement de la générosité de ses auditeurs, RCF est financée pour un quart par les diocèses, soit 4,5 millions d’euros par an, indiquait en mars dernier à La Croix Mgr Touvet, Président du Conseil pour la Communication de la Conférence des Évêques de France.

Bien que considéré comme nécessaire, ce projet de mariage a néanmoins suscité quelques interrogations parmi les équipes et les auditeurs, inquiets des différences fondamentales qui distinguent les deux radios chrétiennes. « Radio Notre-Dame est peut-être perçue comme un peu plus bourgeoise, un peu plus catholique, un peu plus parisienne ; quand RCF apparaît plus populaire, œcuménique et provinciale. » admet Louis Daufresne.

Toutes deux sont nées il y a quarante ans au moment de la libéralisation des ondes, et ont été initialement portées par deux orientations pastorales différentes. La première – sous le nom à l’époque de Radio Fourvière – à l’initiative en 1982 de l’archevêque de Lyon, Mgr Albert Decourtray ; la seconde en 1981 sous l’impulsion de Mgr Jean-Marie Lustiger, alors archevêque de Paris. « Mais cette histoire ecclésiastique ne nous embarrasse pas, ajoute le journal matinal de Radio Notre-Dame. L’ère Lustiger est derrière nous. Il est temps de créer une nouvelle radio en réunissant nos sensibilités. »

L’œcuménisme, une « évidence » pour tous

Sur la question de l’œcuménisme, le présentateur affirme que celui-ci n’a pas créé de division lors du travail de rapprochement des grilles. Étienne Pépin corrobore en affirmant que « Le caractère essentiel de l’œcuménisme dans nos programmes est devenu une évidence pour tous. Nous serons très attentifs à ce que les paroles protestantes et orthodoxes aient leur place à l’antenne très régulièrement, notamment dans l’émission matinale. »

Depuis plus d’une semaine, Radio Notre-Dame et RCF partagent les mêmes locaux à Paris. « Cela permet aux équipes de se rencontrer, et donc de dissiper les éventuelles questions restantes », estime Philippe Lansac, PDG de RCF. La prochaine étape, prévue pour janvier 2025, est la fusion des deux sociétés et un nouveau nom pour cette station unique, non encore déterminé à ce stade.

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Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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