35 ans du massacre de la place Tiananmen : l’incroyable histoire de la photo culte
L’image a fait le tour du monde. Un homme, vêtu d’une chemise blanche et les mains pleines de sacs en plastique, se tient droit devant une colonne de chars. Le 5 juin 1989, au lendemain d’une répression sanglante sur la place Tiananmen à Pékin – qui fit, selon des sources, entre plusieurs centaines et plusieurs milliers de morts –, une personnalité s’opposait directement à la loi martiale. C’était il y a 35 ans. La photo de cet homme est toujours ancrée dans les esprits du monde entier. CNN revient dans les coulisses de cette photo culte.
Après deux mois de protestations et de manifestations d’étudiants et de travailleurs pour obtenir des réformes politiques et la fin de la corruption généralisée, le gouvernement chinois fait entrer l’armée à Pékin le 3 juin 1989. Sur la place Tiananmen, les balles pleuvent sur les manifestants. Aujourd’hui encore, parler de cette journée est tabou en Chine. Aucune commémoration n’y est autorisée.
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Les journalistes étrangers n’étaient pas autorisés à exercer leur métier
Les journalistes étrangers n’avaient alors plus le droit d’exercer leur travail sur le sol chinois. Cela ne les a pas empêchés d’essayer. Après le massacre de la nuit du 3 au 4 juin 1989, des rédactions internationales, notamment américaines, pressèrent leurs correspondants sur place pour obtenir des informations et des images. Liu Heung-shing, responsable de la photographie de l’agence de presse AP à Pékin, charge Jeff Widener, photojournaliste de l’agence, de prendre des photos des troupes chinoises depuis le meilleur point d’observation de la place, l’hôtel de Pékin.
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Pour s’y rendre sans prendre de risques et ne pas se faire confisquer son matériel, Jeff Widener cache son appareil à plusieurs endroits. Sa veste, son pantalon et même ses sous-vêtements contiennent une partie de son équipement. A vélo, il se dirige vers l’hôtel, essayant de ne pas se faire remarquer par les hommes qui patrouillent et les chars qui rôdent.
En arrivant dans le hall de l’hôtel, il remarque un jeune Américain, Kirk Martsen, en échange universitaire : « Je me suis approché de lui et je lui ai murmuré : « je travaille pourPresse associéepeux-tu m’emmener dans ta chambre ?« Le jeune homme accepte et Jeff Widener se retrouve au premier rang d’une scène iconique.
Encore un subterfuge pour faire passer la photo aux médias
Dans ce même hôtel se trouvent des journalistes de CNN. Ils filment aussi la place et la valse des chars. Quand, soudain, un homme surgit pour se positionner devant une colonne. CNN commence le tournage. Jeff Widener, dans la pièce voisine, attend la balle qui tuera l’homme. Elle n’arrive pas. Le photojournaliste n’a pas le bon objectif pour capturer l’instant aussi loin. Pour réussir, il lui faudrait en avoir un meilleur derrière lui… et risquer de rater une scène cruciale.
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Jeff Widener a pris le risque. Et quelques coups de feu avant que les gens ne viennent attraper l’homme en blanc et l’emmènent. Pour mettre le film en sécurité, Jeff Widener a de nouveau demandé à un étudiant de l’aider à transporter les négatifs jusqu’au bureau de l’AP.
Quelques minutes plus tard, c’était fait. Cette photo a rapidement fait le tour du monde et fait la une des grands journaux internationaux. Jeff Widener a même été nominé pour le prix Pulitzer cette année-là. Nous n’avons jamais su ce qui est arrivé à l’homme en blanc.