30 jours sans Netflix : comment j’ai survécu grâce aux plateformes gratuites
Grands consommateurs de films et de séries, lorsque j’ai annoncé à mon partenaire que, au nom d’une expérience extrême, nous allions abandonner les services de streaming payants, je m’attendais à une réaction instinctive. Mais elle répondit simplement : « Super, on va enfin pouvoir parler ! » Chacun en tirera les conséquences… Après cet acquiescement, je lui ai néanmoins dit que nous allions nous lancer un autre défi fou : se contenter des options gratuites pendant un mois. Après tout, dis-je, avec le nombre de publicités auxquelles nous serions confrontés, nous aurions tout le temps de nous raconter nos journées. Je pense avoir fait valoir un point à ce stade…
Jusqu’à présent, c’était toujours le même scénario : prendre la télécommande vers 21 heures sans idée précise, parcourir les six plateformes de SVoD auxquelles nous sommes abonnés – un budget d’environ 50 € par mois d’ailleurs – et, après avoir passé au peigne fin à travers les différents catalogues, en réalisant qu’il est presque 22 heures pour enfin se rabattre sur une valeur sûre, du contenu déjà vu, sans prendre de risques.
S’en tenir aux catalogues plus limités de services gratuits semblait être une bonne idée sur le papier. En pratique, renoncer à Netflix, Disney+, Prime Video et autres, c’est aussi sortir de sa zone de confort et s’aventurer en territoire inconnu. Pour ne rien arranger, le souvenir de Salto, ce « petit ange parti trop tôt », m’a fait craindre l’expérience des alternatives gratuites qui ont suivi, comme TF1+, M6+, OQEE ou France.tv.
Alors, qu’est-ce que ça donne ? Alerte spoiler ! Il y a eu des moments de solitude cruelle, des publicités à répétition, mais aussi d’agréables surprises.
Semaine 1 : retrait et nostalgie
La première semaine a commencé par un choc culturel. Moi qui avais l’habitude de observateur excessif films et séries sans interruption, j’ai redécouvert ce concept oublié : les pauses publicitaires. Les plateformes de SVoD gratuites ne font jamais oublier qu’elles doivent elles aussi payer leurs factures d’électricité. Avant chaque contenu sélectionné, il y a une série de publicités pour des voitures, des jouets, d’autres programmes de la plateforme et, ironiquement, des spots pour des contenus payants. Merci pour la tentation, mais vade rétro Satanas de toute façon…
Malgré cela, je me suis aventuré sur TF1+ et M6+. Si j’ai dû abandonner les films d’horreur (dommage à l’approche d’Halloween…) au profit d’une collection assez précoce de téléfilms de Noël, j’ai retrouvé le charme des séries télé de ma jeunesse : Lois et Clark, Charmed, Veronica Mars… La promesse d’une soirée cosy avec Madame, en somme.
Semaine 2 : adaptation et curiosité
La deuxième semaine, l’habitude s’est progressivement installée. J’ai personnellement appris à apprécier ces alternatives gratuites pour ce qu’elles sont. Sur France.tv, j’ai découvert une sélection de documentaires passionnants, comme La cravate Ou Le royaume du silence. J’ai même traversé de grands crus du cinéma français. Redécouvrir les chefs-d’œuvre de Truffaut ou de Dupieux n’a pas de prix. Et bien oui, c’est gratuit !
OQEE by Free a aussi été une révélation. Client Freebox, j’ai accès aux chaînes en direct et en replay. Idéal pour retrouver les meilleurs moments de Tous les jours au retour du bureau. Mais là où l’application se démarque, c’est dans sa sélection de films et séries entièrement gratuits : 21 Jump Street, Envoyés très spéciaux, Chauffeur de taxi, Jour de la jupe, Maison Blanche tombée, Film d’horreur, Prise… Pour le coup, c’était presque comme du streaming payant, mais avec une touche très tricolore, à savoir des petits bugs de chargement ici et là, comme pour rappeler que le service est gratuit dans tous les sens du terme.
Semaine 3 : faiblesse et ténacité
La troisième semaine a été la plus difficile. Un peu comme les différentes étapes après une rupture, je suis passée par le déni. Les nouvelles saisons de ma série préférée sont sorties et je voulais à tout prix éviter les spoilers sur les réseaux sociaux, comme si ma vie en dépendait.
À un moment donné, je l’avoue, j’ai failli craquer et j’ai repris mes abonnements. Puis j’ai pensé au regard de notre rédactrice adjointe Marie et, tremblante, j’ai tenu bon et je me suis tournée vers la télévision 2.0, à savoir YouTube. Programmes humoristiques, clips, vulgarisation scientifique et historique, reportages : le choix est vaste ! Outre une certaine liberté de ton, j’ai surtout (re)découvert des créateurs : Karim Debbache, Nota Bene, e-penser, Hugo Décrypte, ou encore Legend, avec cet ancien collègue rencontré lors de ma décennie radiophonique…
Il fallait aussi satisfaire nos petits monstres, à qui j’ai transmis mon amour pour les dessins animés de mon enfance. Alors je leur ai présenté Jimmy Neutron, Hey Arnold !, Les Tortues Ninja, ou même Les Razmoket. Le site Pluto.tv propose des chaînes thématiques gratuites avec des films, des séries et des programmes pour enfants en continu… pour quelques pages publicitaires. Et c’est là que j’ai réalisé une chose : peu importe la plateforme, on revient inévitablement au format télé. Un concept auquel même les versions payantes n’ont pu résister et que l’on retrouve naturellement sur les services gratuits.
Semaine 4 : acceptation et résilience
La semaine dernière, quelque chose de surprenant s’est produit : je ne ressentais plus le manque. En évitant les plateformes payantes, j’avais pris goût à ce rythme différent. J’avais arrêté de consommer frénétiquement du contenu et, pour la première fois depuis longtemps, je n’avais plus cette angoisse de « qu’est-ce que je vais regarder ensuite ? Un constat qui m’a permis de comprendre que la SVoD s’est rapidement transformée en restauration rapide vidéo, conduisant à une boulimie qui rend les téléspectateurs moins exigeants une fois leur dose administrée.
Cela m’a aussi ouvert les yeux sur l’aspect sociologique de cette surconsommation de contenus. Bouche à oreille, campagnes virales, chats à la machine à café, etc. Le buzz croissant que peuvent générer ces différents programmes crée du lien social, qui peut aussi conduire à un sentiment d’exclusion. Il s’agit du syndrome FOMO (Fear Of Missing Out), cette forme d’anxiété qui amène les consommateurs à craindre de passer à côté d’un événement ou d’une tendance. En me contentant de services gratuits, j’ai redécouvert le plaisir de m’asseoir devant un programme sans avoir à me demander si c’était le meilleur choix possible. Libéré, délivré !
Verdict
Cette expérience m’a montré qu’il existe un réel potentiel dans les options gratuites. Alors oui, ceux-ci ne rivalisent pas vraiment avec la variété des programmes et les quelques publicités proposées par les services payants. Cependant, ce besoin d’enrichir constamment leur catalogue leur impose de proposer des contenus consommables rapidement et pouvant plaire à tous les publics. Un contenu particulièrement fluide qui chatouille souvent la nostalgie des utilisateurs avec des franchises ressuscitées. Mais si la méthode a eu de quoi séduire un moment et attirer mon attention, le résultat était souvent assez décevant et creux, ce qui explique mon retrait rapide.
Alors, vais-je continuer à éviter les plateformes payantes pour autant ? Pas sûr. Rien ne t’empêche d’y jouer baratte en série et, comme près de la moitié des utilisateurs américains, de s’abonner occasionnellement pour ne pas rater les meilleures sorties et les rattraper au cours d’un mois. Une manière de ne jamais manquer de programmes à découvrir, sans avoir à parcourir pendant des heures un catalogue interminable qui partage de nombreux titres avec les variantes gratuites. Pour ceux qui cherchent à réduire leurs factures mensuelles, quitte à sacrifier un peu de confort, le jeu en vaut la peine.
Finalement, cette aventure m’a appris à réapprécier les choses simples, à accepter la pause publicitaire comme une opportunité de faire autre chose, et à ne pas considérer le regarder de façon excessive comme une obligation sociale. Alors, si vous recherchez une détox numérique, alors que nous nous lançons dans un Janvier secpourquoi ne pas tenter l’expérience ? Après tout, le meilleur contenu est peut-être celui que vous ne regardez pas.
Attention : vous vous demandez sûrement comment ma moitié a vécu cette expérience ? Disons que je suis au courant des potins et que je sais comment se déroulent ses journées sur un mois… Merci pour la pub !