30 euros chez le médecin généraliste, consultation longue pour les personnes âgées, pédiatre, gynécologue... Ce qui va changer chez le médecin
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30 euros chez le médecin généraliste, consultation longue pour les personnes âgées, pédiatre, gynécologue… Ce qui va changer chez le médecin

30 euros chez le médecin généraliste, consultation longue pour les personnes âgées, pédiatre, gynécologue… Ce qui va changer chez le médecin

L’Assurance maladie augmentera les tarifs des médecins, mais leur demandera en échange de réduire leurs prescriptions de médicaments, d’examens et d’arrêts maladie.

Après un an et demi de discussions tendues, les syndicats et Thomas Fatôme, patron de l’Assurance maladie, vont signer ce mardi le nouvel accord médical, qui fixe les tarifs pour les 5 prochaines années. Cet accord, qui représente 1,6 milliard d’euros de dépenses supplémentaires sur 5 ans pour l’Assurance Maladie, pourra donc entrer en vigueur. Si ce texte est important pour les professionnels, il apporte aussi des changements importants pour les Français. Passage en revue des principaux changements à venir.

Augmentation de prix chez le médecin généraliste

La consultation chez le médecin généraliste passera de 26,50 euros actuellement à 30 euros en décembre prochain. L’augmentation du prix de la consultation de base était une forte demande de la part des médecins, qui ont vu leurs frais de cabinet augmenter en raison de l’inflation. Cette revalorisation a également été jugée essentielle pour créer un « choc d’attractivité » et inciter les jeunes médecins à s’installer pour répondre au problème des déserts médicaux. Pour le patient, cette majoration devrait être indolore, la Sécurité sociale continuant de rembourser 70 % des frais et les mutuelles 30 %. En revanche, ces derniers, qui devront supporter un surcoût de 300 millions d’euros, pourraient être tentés d’augmenter encore leurs prix l’année prochaine, après une hausse déjà sévère cette année de 8% à 10% en moyenne.

Augmentations variables chez le spécialiste

Le prix de la consultation va également augmenter chez les spécialistes, notamment chez ceux qui sont actuellement les moins bien payés. Ainsi, la consultation des médecins gynécologues passera à 40 euros au 1er juillet 2025. Celle des gériatres passera à 42 euros à la même date. Chez le dermatologue, le dépistage du mélanome sera réévalué à 60 euros (contre 47,50 euros aujourd’hui). La consultation spécifique d’endocrinologie passe également à 60 euros. Face à la demande de soins de santé mentale, la consultation avec le psychiatre et le neurologue sera portée à 57 euros.

Consultation longue pour personnes âgées

Certains patients âgés pourront bénéficier d’une consultation longue, permettant à leur médecin traitant de prendre plus de temps, d’une valeur de 60 euros remboursés par la Sécurité sociale. Cette longue consultation sera toutefois limitée à une par an. Et il est réservé uniquement aux patients de plus de 80 ans. Et encore dans trois cas bien précis. Il s’agit soit d’une consultation de sortie d’hospitalisation, ayant lieu dans les 45 jours suivant le retour à domicile. Soit une consultation de déprescription pour patients hyperpolymédiqués, c’est-à-dire disposant d’au moins 10 lignes de traitements médicamenteux. Soit une personne ayant besoin d’être orientée vers un parcours médico-social nécessitant la réalisation d’un dossier médico-administratif, comme par exemple celui de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA). Ces consultations entreront en vigueur le 1er janvier 2026.

Assistants médicaux gagner du temps

Pour que les médecins gagnent du temps – ils se plaignent de perdre 7 heures par semaine en paperasse – et puissent voir davantage de patients, l’Assurance maladie va augmenter de 5 % l’aide financière à l’emploi d’un assistant médical et simplifier le dispositif. Lancés en 2019, les assistants médicaux formés aux tâches médico-administratives permettent au médecin « organisation et suivi optimisés de 10 % de patients supplémentaires en moyenne », précise l’Assurance Maladie. Le cap des 6 000 assistants médicaux a été franchi en janvier, l’objectif étant d’atteindre 10 000 d’ici la fin de l’année.

Un coup de pouce pour les déserts médicaux

L’accord cherche également à répondre au problème des déserts médicaux, alors que dans certains territoires, le taux de patients sans médecin traitant peut représenter jusqu’à 25%, soit deux fois plus que la moyenne nationale, selon un récent rapport de la Cour. comptes. L’accord prévoit ainsi une majoration de 10 % du forfait médecin traitant pour les praticiens installés dans les déserts médicaux et ceux qui y exercent déjà. Par ailleurs, les médecins s’installant pour la première fois dans une zone d’intervention prioritaire (ZIP) bénéficieront d’une aide forfaitaire unique de 10 000 euros et de 5 000 euros pour ceux s’installant dans des zones en tension mais moins (ZAC). Les médecins ayant un cabinet principal en zone dense, mais souhaitant ouvrir un cabinet secondaire dans un désert médical, recevront une aide forfaitaire unique de 3 000 euros. Quant aux praticiens implantés dans des zones bien dotées, ils seront incités à réaliser des consultations ponctuelles dites « consultations avancées » dans les déserts médicaux, via « un forfait de 200 euros par demi-journée d’intervention, dans la limite de 6 demi-journées par mois ».

Promouvoir la prise en charge des patients à l’AME

A compter du 1er janvier 2025, un forfait annuel de 500 euros par an sera versé aux médecins généralistes ou pédiatres s’occupant de patients bénéficiant de l’aide médicale de l’État (AME). Pour que le praticien reçoive ce colis, « le rapport entre le nombre d’interventions réalisées pour ces patients et le nombre total d’interventions doit être supérieur à 2% », précise le texte. Dispositif permettant aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins, l’AME a été provisionnée cette année pour environ 1,2 milliard dans les comptes de la Sécurité sociale. Fin 2023, dans le cadre de l’examen du projet de loi sur l’immigration, la droite a tenté de supprimer l’AME pour la transformer en « aide médicale d’urgence » (AMU), recentrée sur la prophylaxie, le traitement des maladies graves et les soins d’urgence. Le texte a finalement été voté excluant cet amendement mais le gouvernement s’est engagé à y revenir.

Moins de médicaments et d’arrêts de travail

En contrepartie de ces augmentations de tarifs, l’Assurance Maladie demande aux praticiens de s’engager à respecter 15 programmes d’assurance maladie. « pertinence des prescriptions ». Bref, ce sera du donnant-donnant. Les médecins sont donc encouragés à « ralentir l’évolution du nombre de jours d’arrêt de travail de 2% par an »alors que ces dernières ont grimpé en flèche et ont coûté 12 milliards d’euros à la Sécurité sociale en 2022. L’Assurance maladie leur demande également de réduire la consommation d’antibiotiques (400 millions d’euros d’économies attendus) « 10 % à partir de 2025 et 25 % d’ici 2027 », pour lutter contre la résistance aux antibiotiques et atteindre la moyenne européenne. Elle veut également réduire de 20 % le nombre de patients « polymédiqués » (ils sont 6,7 millions parmi les plus de 65 ans), afin d’éviter les effets néfastes liés à la prise de plusieurs médicaments (iatrogènes), qui tuent davantage. chaque année comme des accidents de la route. Elle veut toujours encourager le développement des biosimilaires, ces médicaments qui, comme les génériques, sont moins chers que les médicaments originaux. Les médecins sont toujours invités à « réduire de 8 % les actes d’imagerie identifiés » c’est-à-dire les radiographies, les tomodensitogrammes et autres IRM. Ils sont appelés à « réduire drastiquement les remboursements des examens biologiques inutiles en réduisant d’au moins 80 % le nombre de ces actes », notamment le dosage de la vitamine D, de la TSH ou du groupe sanguin. Et sur les titres de transports délivrés aux patients, ceux-ci doivent parvenir «jusqu’à 30% de transports partagés». Les patients sont prévenus !

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