La police haïtienne et les habitants de Port-au-Prince ont tué mardi 19 décembre 28 membres de gangs après avoir lancé une offensive dans plusieurs quartiers de la capitale, a indiqué à l’AFP un porte-parole de la police. La police a intercepté dans la nuit un camion et un minibus transportant ces membres de gangs vers deux quartiers, tuant 10 personnes sur place, puis pourchassé et tué d’autres personnes ainsi que des habitants, selon le porte-parole adjoint de la Police nationale d’Haïti (PNH), Lionel Lazarre. . Lors de ces deux accrochages, les policiers ont ouvert le feu sur les membres du gang, tuant 10 d’entre eux, selon la même source. Contraints de fuir, les autres ont été pourchassés puis tués par des habitants, organisés en groupes d’autodéfense, et des policiers.
Depuis la semaine dernière, Port-au-Prince fait face à une nouvelle flambée de violence provoquée par « Vive Ansanm » (Vivre ensemble), l’alliance de gangs formée en février qui a réussi à renverser le Premier ministre Ariel Henry. Cette coalition a lancé ces dernières heures une attaque contre Pétion-Ville et d’autres quartiers de Port-au-Prince comme Bourdon et Canapé Vert, après un appel lancé sur les réseaux sociaux par l’un de ses dirigeants, Jimmy Chérisier, alias « Barbecue ». « Nous exigeons la démission du Conseil présidentiel de transition (CPT). La coalition Viva ansanm utilisera tous ses moyens pour obtenir le départ du CPT”a-t-il déclaré lundi soir. Ces violences interviennent dans un contexte de crise politique, marqué par le limogeage le 10 novembre par le CPT du Premier ministre, Garry Conille, remplacé par l’homme d’affaires Alix Didier Fils-Aimé.
Haïti, déjà le pays le plus pauvre de la région, souffre depuis longtemps de la violence de bandes criminelles, accusées de nombreux meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon. Dans la capitale, les rues étaient quasiment désertes mardi, après que la police et la population ont érigé des barricades dans plusieurs quartiers pour stopper l’offensive des gangs. Port-au-Prince est par ailleurs quasiment coupée du reste du monde après la décision du régulateur américain de l’aviation (FAA) d’interdire les vols commerciaux des compagnies américaines vers Haïti. Plus de 20 000 personnes ont été déplacées en quatre jours dans la capitale haïtienne, a indiqué samedi l’Organisation internationale pour les migrations (OIM).