Après des années de querelles, une nouvelle altercation entre Liam Gallagher et son frère Noel au festival Rock en Seine, à l’été 2009, a conduit à la séparation du groupe. Retour sur la soirée où tout a basculé.
« Liam et Noel se sont disputés, le groupe n’existe plus » : sous les huées du public, un responsable du festival Rock en Seine, en banlieue parisienne, annonce au micro la séparation d’Oasis le 28 août 2009.
Quinze ans après cette explosion en plein vol, le chapitre de la guerre froide entre Liam et Noel Gallagher, les deux frères respectivement au chant et à la guitare, s’est clos avec l’annonce d’une réforme mardi.
« A l’époque, l’espace VIP auquel avait accès la presse était en réalité attenant aux loges, juste séparé par une cloison en bambou. A un moment, on a entendu des bruits bizarres, des gens qui se disputaient, une sorte d’agitation », se souvient auprès de l’AFP Olivier Nuc, journaliste musique au journal Le Figaro.
« Trois minutes plus tard, je vois un des organisateurs courir dans la zone VIP. Il s’est passé quelque chose. Et puis la rumeur commence à se répandre : Oasis ne jouera pas. » L’affrontement de trop entre Liam et Noel vient de se jouer dans les vestiaires, avec comme résultat une guitare cassée.
Salomon Hazot, l’un des responsables du festival, est ensuite monté sur scène pour faire au micro une annonce surréaliste restée dans l’histoire du rock : « Je vous annonce que malheureusement, tout à l’heure sur le site de Rock en Seine, Liam et Noel se sont disputés. Le groupe n’existe plus. »
« C’est une blague ! »
« Vous pouvez aller sur le site d’Oasis et Noel vous expliquera le combat et comment son histoire avec Liam s’est terminée », continue-t-il tandis que la foule rugit « Putain, ce n’est pas vrai ! », « C’est une blague ! », « Va te faire foutre ! », dans un torrent de sifflets.
Salomon Hazot, également tour manager d’Oasis en France, a ensuite traduit ses propos en anglais. Plus tard dans la soirée, Noel s’est bien exprimé sur le site : « C’est avec une certaine tristesse et un grand soulagement que je vous annonce que je quitte Oasis. Les gens écriront et diront ce qu’ils veulent, mais il m’est impossible de continuer à travailler avec Liam un jour de plus. Mes excuses à ceux qui ont acheté des billets. »
« Je n’ai pas vu le combat, mais je n’étais pas loin et j’ai dû le rater de quelques minutes », rembobine pour l’AFP Matthieu Ducos, à l’époque chargé de la communication et des partenariats du festival et aujourd’hui directeur de Rock en Seine.
« Quand nous avons appris que Noël quittait le site du festival, nous avons pensé que c’était une blague », a-t-il poursuivi.
La diva britannique Amy Winehouse (décédée en 2011), connue pour ses frasques, avait fait l’impasse de dernière minute sur Rock en Seine en 2007 et 2008. « Rock en Seine, avant Oasis, commençait déjà à avoir une réputation de festival maudit », résume Olivier Nuc.
« Combien nous donnerez-vous ? »
Mais l’épisode Oasis va finalement alimenter la légende de Rock en Seine. « Il y a de grands concerts mémorables et des absences de grands concerts mémorables », confirme Matthieu Ducos.
Les organisateurs ont fait appel au groupe britannique Madness, qui avait déjà joué, pour revenir cette fois sur la grande scène. « Quand on leur a dit ‘vous allez jouer à la place d’Oasis’, c’était ‘celle-là est vraiment bien, vous nous donnez combien ?’ », raconte Olivier Nuc.
Le journal Le Parisien évoquait à l’époque « 120 000 euros supplémentaires en plus des 50 000 de leur premier concert ». Suggs, chanteur de Madness, déclarait au deuxième passage : « Vraiment, on est désolés pour ce qui leur est arrivé… Bien sûr que non, on n’est pas désolés ! »
« Il est évident que le festival Rock en Seine va désormais postuler pour « accueillir Oasis », souligne Matthieu Ducos, rêvant d’« une apothéose avec un tel concert de retour ».
