Dans le quartier d’Altona à Hambourg, le Parc du Peuple est en fait une véritable forêt, au centre de laquelle se trouve le Volksparkstadion. Le 22 juin 1974, c’est dans ce stade que les deux sélections allemandes – celles de RFA et de RDA – s’affrontaient lors d’une rencontre comptant pour la phase de poules de la Coupe du monde, la dixième, organisée cette année-là en Allemagne de l’Ouest. . À la surprise générale, les visiteurs se sont imposés 1-0 contre le champion d’Europe en titre – qui sera sacré champion du monde contre les Pays-Bas de Johan Cruyff moins de trois semaines plus tard.
Dans la guerre froide sportive entre l’Est et l’Ouest depuis la Seconde Guerre mondiale, le football a rarement constitué un terrain d’affrontement symbolique. Le match RFA-RDA de 1974 revêt donc un caractère exceptionnel : les deux équipes qui s’affrontent représentent non seulement l’Ouest et l’Est, mais elles sont, par leur existence même, le produit de la Guerre froide sur le continent européen. . C’est sans doute pour cette raison que l’affrontement a eu un retentissement mondial, comme en témoignent les audiences télévisées : c’est l’un des deux matchs, avec la finale, les plus regardés de la compétition.
Un match rendu possible par l’Ostpolitik de Willy Brandt
En réalité, ce n’est pas la première mais la cinquième fois que la RFA et la RDA se retrouvent opposées, même si le statut des quatre premières rencontres reste encore aujourd’hui difficile à déterminer. Cette incertitude résulte de l’application de la doctrine Hallstein, du nom du ministre des Affaires étrangères de la République fédérale dans les années 1950. Dans ce cadre, l’Allemagne de l’Ouest se considère comme le seul représentant légitime du peuple allemand. et n’entretient donc pas de relations diplomatiques avec les pays qui reconnaissent la RDA, à l’exception de l’URSS.
En matière sportive, il s’agit de contrecarrer par tous les moyens les efforts entrepris par la RDA, depuis sa fondation en 1949, pour être reconnue comme une nation à part entière. Si depuis le début des années 1950, les fédérations sportives internationales ont toutes accepté l’adhésion de l’Allemagne de l’Est (la première, celle des échecs en 1950, puis la Fifa en 1952), la participation des athlètes est-allemands à diverses compétitions est longtemps restée impossible lorsque ils ont lieu sur le territoire d’un membre de l’OTAN. En raison de la doctrine Hallstein et des mécanismes de solidarité entre les pays de l’Alliance atlantique, les visas d’entrée leur sont systématiquement refusés.