200 femmes meurent chaque jour en France de maladies cardiovasculaires : comment se protéger ?
Autre fait alarmant : l’infarctus du myocarde augmente de +5 % chez les femmes de 45 à 54 ans (3).
Qu’est-ce qu’un infarctus du myocarde ?
L’infarctus du myocarde, également appelé crise cardiaque, fait référence à la destruction d’une partie du muscle cardiaque. Elle fait suite à l’obstruction d’une artère coronaire. L’arrêt cardiaque fait donc partie des complications de l’infarctus du myocarde, qui constitue la cause la plus fréquente d’arrêt cardiaque, dans 80 % des cas (4). Mais il existe d’autres causes possibles d’insuffisance cardiaque, comme une rupture d’anévrisme, une embolie pulmonaire massive, une dissection aortique, un accident vasculaire cérébral, etc.
Comment prévenir les maladies cardiovasculaires ?
C’est un chiffre encourageant : selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), huit accidents cardiovasculaires sur dix sont évitables !
En effet, il existe des facteurs de risque modifiables (l’âge et les antécédents familiaux de maladies cardiovasculaires ne sont pas des facteurs influençables) :
1. Fumer : il est particulièrement toxique pour les artères féminines. Trois à quatre cigarettes par jour triplent le risque cardiovasculaire chez les femmes (5).
2. Diabète : La mortalité cardiovasculaire est plus élevée chez les femmes diabétiques que chez les hommes diabétiques, avec un risque relatif significativement plus élevé de maladie coronarienne mortelle.
3. Cholestérol : Lorsque le « mauvais cholestérol » est élevé, il s’accumule sur les parois des artères sous forme d’amas graisseux. Avec le temps, ces dépôts peuvent ralentir, voire bloquer la circulation sanguine : c’est l’athérosclérose.
4. Mode de vie sédentaire : une demi-heure de marche par jour peut suffire à réduire le risque cardiovasculaire. En étant actif, vous limitez votre prise de poids, vous réduisez les risques de diabète et d’hypertension artérielle, vous limitez le taux de graisses dans le sang.
5. Hypertension artérielle : on parle d’hypertension artérielle lorsque, à plusieurs reprises, la pression systolique est supérieure à 140 mmHg (14 cmHg) et/ou la pression diastolique est supérieure à 90 mmHg (9 cmHg).
6. Consommation d’alcool : maximum deux verres/jour et pas tous les jours (6).
7. Surpoids et obésité : on parle de surpoids si l’indice de masse corporelle (IMC) est supérieur à 25, et d’obésité s’il est supérieur à 30.
Notons que « si plusieurs de ces facteurs coexistent, les risques de contracter une maladie cardiovasculaire sont plus élevés » (7).
140 000 morts
Les maladies cardiovasculaires restent à l’origine d’environ 140 000 décès par an en France (8).
Facteurs de risque spécifiques aux femmes
– L’âge des premières règles (moins de 11 ans ou plus de 15 ans) ;
– syndrome des ovaires polykystiques ;
– l’endométriose ;
– la contraception estro-progestative ;
– l’hypertension de la grossesse ;
– insuffisance ovarienne prématurée (moins de 40 ans) ;
– le nombre de grossesses (trois et plus) ;
– le diabète gestationnel ;
– ménopause précoce (moins de 45 ans) ;
– bouffées vasomotrices ménopausiques (plus de six par jour) ;
– cancer du sein avec radiothérapie chimiothérapie ;
– calcifications mammaires.
Selon Claire Mounier-Véhier, cardiologue au CHU de Lille, le stress psycho-social ainsi que les violences faites aux femmes « jouent également un rôle important. » « Les femmes doivent s’écouter et ne plus hésiter à se faire dépister. Les antécédents familiaux, et notamment ceux des parents, sont des indicateurs clés : s’ils ont eu des problèmes coronariens, ils doivent en informer le médecin et réaliser un bilan cardiovasculaire », indique la Fondation Agir pour le Cœur des Femmes.
Les maladies cardiovasculaires tuent huit fois plus que le cancer du sein.
Pourquoi le risque de mourir d’un arrêt cardiaque est-il deux fois plus élevé chez les femmes ?
Lorsqu’un arrêt cardiaque survient en dehors de l’hôpital, les femmes courent deux fois plus de risques de décès que les hommes (9).
– Le premier obstacle est le manque de reconnaissance de l’arrêt cardiaque lui-même, considéré comme un événement masculin : ce qui entraîne un retard dans la prise en charge des victimes. «Quand une femme s’effondre dans la rue, on pense d’abord qu’il s’agit d’un malaise vagal, pas d’un problème cardiaque. Cela peut vous faire perdre de précieuses minutes ! », note le Dr Mounier-Véhier.
– Le deuxième obstacle est la peur de masser la poitrine d’une femme : certains passants sont gênés de toucher la poitrine d’une femme, d’autres pensent à tort que les seins gênent un massage cardiaque efficace.
Le parcours du combattant pour les femmes confrontées à un arrêt cardiaque ne s’arrête pas là :
– leur situation hormonale peut les exposer davantage aux crises cardiaques ;
– avec une espérance de vie plus élevée que les hommes, les femmes se retrouvent donc plus seules à la maison en vieillissant. Or, lorsqu’un arrêt cardiaque survient à domicile, sans témoins, les chances de survie diminuent drastiquement… Chaque seconde compte face à un ACR.
– Enfin, dernière explication : les femmes font moins attention à leur propre santé (et à leurs symptômes !) qu’à celle de leurs proches…
Reconnaître les signes caractéristiques d’une crise cardiaque chez la femme
Au-delà des symptômes classiques chez l’homme comme chez la femme (douleur soudaine, intense, semblable à un vice, au niveau de la poitrine, irradiant vers le bras gauche – ou les deux bras – et la mâchoire ; qui peut s’accompagner de pâleur, d’inconfort, de sueurs, d’essoufflement, nausées, éructations (rots), anxiété), l’infarctus chez la femme peut se manifester par d’autres symptômes plus atypiques :
– essoufflement;
– des palpitations ;
– symptômes digestifs (nausées, inconfort ou brûlure gastrique) ;
– épuisement ou fatigue intense ;
– sentiment d’anxiété et de danger imminent ;
– douleur aiguë dans le haut du dos, entre les omoplates ou dans le cou ;
– des sueurs froides.
En cas de doute, appelez les secours (15, 112 ou 18).
Notez que ces symptômes peuvent avoir commencé à apparaître dans les jours précédant une crise cardiaque. Il est donc important de connaître ses facteurs de risque et de faire attention à ce qui sort de l’ordinaire : essoufflement à l’effort, fatigue plus importante, petites tiraillements ou points au niveau de la poitrine qui vont et viennent, gêne au niveau du bras à l’effort, sensation de brûlure. ça monte dans la gorge…
Comment réagir à un RTA ?
Il faut agir très vite. Chaque seconde compte. Plus le temps passe sans rien faire, plus les dégâts seront irréversibles. « 1 minute gagnée signifie 10 % de chances de survie en plus ! » » (10).
Pour augmenter les chances de la victime :
1. Reconnaître un arrêt cardiaque : la victime a perdu connaissance, elle ne réagit pas lorsqu’on lui parle ou lorsqu’on la stimule, elle ne respire plus (sa poitrine ne se soulève pas).
2. Alerter les secours : 15 (Samu), 18 (pompiers) ou 112.
3. Osez masser et efficacement : en vous positionnant au-dessus de la victime, posée sur une surface dure. Les bras doivent toujours être tendus. Placez les paumes de vos mains l’une sur l’autre, au milieu de la poitrine et exercez une pression sur la cage thoracique, puis relâchez. « Masser un cœur qui bat n’a aucune conséquence. Oser masser peut vraiment faire la différence entre la vie et la mort » (11).
4. Utilisez le défibrillateur externe sans crainte : s’il y en a un à proximité, il sera apporté par un autre témoin, en attendant l’arrivée des secours. Il suffit de suivre les instructions transmises oralement par l’appareil.
5. Passer le relais aux équipes de secours.
Sources
(1) Fondation Agir pour le Coeur des Femmes.
(2), (6) Santé publique France.
(3) Agir pour le cœur des femmes.
(4), (10) Agir pour le cœur des femmes.
(5) Agir pour le cœur des femmes.
(7) Ameli.fr.
(8) Ministère de la Santé.
(9) Journal européen du cœur 2019.
(10) Fédération Française de Cardiologie