20 ans plus tard, Faïza Guène retrouve son personnage Doria, son humour et sa tendresse pour l’humanité
Pour son septième roman, Faïza Guène revient sur l’héroïne de ses débuts. Et en profite pour raconter l’histoire de la société française d’aujourd’hui.
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En 2004, la France a découvert L’amour l’amour demain et Doria, son personnage principal s’exprimant avec des mots explosifs, un humour mordant, de l’argot, du verlan, ainsi qu’un sens aigu de l’observation, Faïza Guène faisant passer les mots de Doria, par sa plume, ses propres analyses de notre société. Résultat : une presse enchantée, des ventes remarquables (400 000 exemplaires), plusieurs traductions, et une jeune auteure de 19 ans comparée, par exemple, à la Britannique Zadie Smith.
Vingt ans plus tard, Doria a vieilli, mûri, Faïza Guène aussi, et les deux se sont apparemment retrouvées tout naturellement. « C’est le cycle de ces 20 ans, qui se termine, qui m’a encouragé à y réfléchir à nouveau. A vrai dire, je n’y ai pas réfléchi longtemps, c’était tout naturel, dit l’auteur. Comme je l’ai fait il y a 20 ans, j’ai écrit « Aujourd’hui c’est lundi » et c’est venu comme ça. Que ferait-elle un lundi matin, à 35 ans ? ? Elle emmène son fils à l’école et elle est en retard :Je l’ai immédiatement mise en difficulté ! C’était plutôt instinctif, plutôt que réfléchi.
« J’ai pensé que ce serait très drôle de ressusciter Doria et de la faire parler à nouveau. Je n’avais aucune méthode, aucun plan pour retrouver cette voix ; j’y suis juste allé. »
Faiza Gueneà franceinfo
Sans nécessairement suivre une intrigue classique à rebondissements, le livre est une sorte de chronique de la vie quotidienne vue à travers les yeux de Doria, une mère célibataire qui a mis son ex-conjoint Steve à la porte et qui parvient à élever tant bien que mal son fils Adam, âgé de 7 ans.
On rit beaucoup, mais sous couvert d’humour Faïza Guène dénonce entre autres les conjoints violents, les pères absents, le machisme ambiant ou la gentrification des quartiers populaires. « Si c’était moi dans la vraie vie, je serais encore plus sévère sur certains points, admet Faïza Guène. J’ai besoin qu’elle ait une certaine tendresse, quand même. Elle sauve toujours un peu les autres personnages, même en les tirant par le col. Elle a cette capacité d’une certaine forme d’indulgence. Ce personnage me permet de faire ça. :son autodérision sur tout et cette légèreté me permettent d’écarter ces sujets hyper durs. »
L’amour, l’amour, hier ? septième roman de l’auteur et scénariste Faïza Guène, est publié chez Fayard.
Grb2