20 ans depuis le départ des Expos : « Le jour le plus sombre de ma vie » – Claude Raymond
Le 29 septembre 2004, nos Amours disputaient leur dernier match à Montréal. Le Journal vous propose une série de reportages dans le cadre de ce triste vingtième anniversaire du départ de nos Expos pour Washington.
Claude Raymond en a vu passer environ 32 000 par jour. À 87 ans, l’homme de baseball est pourtant formel : de toutes, aucune n’a été plus triste que celle du dernier match à domicile des Expos de Montréal, le 29 septembre 2004. Cela fera bientôt 20 ans.
« C’est le jour le plus sombre de ma vie », a déclaré celui qui était alors directeur adjoint de Frank Robinson chez les Expos. « J’ai joué dans le baseball pendant 50 ans et ça s’est terminé comme ça. »
Malgré tous les mauvais souvenirs associés à cette journée, M. Raymond en a un en particulier qui reste gravé à jamais dans sa mémoire. C’est lui qui a lancé la dernière balle du monticule dans l’histoire des Expos.
« C’était instinctif », a-t-il dit. « Le match était terminé depuis un moment quand j’ai décidé de monter sur le monticule. J’ai labouré la terre et rempli le trou devant, comme je le faisais à chaque fois que j’allais lancer quand je jouais. »
Après qu’un ballon a été retrouvé traînant quelque part, le photographe Gilles Corbeil a servi de récupérateur improvisé.
« Après avoir lancé, j’ai signé la balle et je la lui ai donnée », a déclaré Raymond, dont la carrière de 12 saisons dans les ligues majeures de baseball, de 1959 à 1971, l’a mené des White Sox de Chicago aux Expos, en passant par Milwaukee, Houston et Atlanta.
Un miracle tant espéré
Avant cette ultime présence sur la butte du Stade olympique, le Québécois avait d’ailleurs livré un touchant discours aux partisans. La gorge nouée par l’émotion, il avait notamment formulé : « J’espère qu’un jour, on aura un miracle et que ça reviendra ici. »
Deux décennies plus tard, M. Raymond ne s’attend plus à ce fameux miracle.
« J’y ai cru jusqu’à ce que le projet de garde partagée avec les Rays de Tampa Bay tombe à l’eau (en janvier 2022). Personnellement, l’idée me plaisait. Aujourd’hui, je sais que l’homme d’affaires Stephen Bronfman a le cœur brisé et je n’ai plus beaucoup d’espoir de voir un retour des Expos de mon vivant. »
Rien de plus…
D’ici la fin du mois, ce seront les A’s d’Oakland qui vivront l’épreuve entourant un transfert, d’abord à Sacramento pour trois saisons, puis à Las Vegas à partir de 2028.
« Je ne pleure pas pour les A’s, qui étaient à Philadelphie, puis à Kansas City, dit franchement M. Raymond. Les amateurs de baseball de là-bas auront toujours les Giants de San Francisco à proximité. Cela prendra peut-être quelques années, mais les quelques amateurs d’Oakland n’auront qu’à traverser un pont pour aller voir du baseball majeur. Ici à Montréal, il n’y a plus rien. »
En uniforme des Expos jusqu’à la maison
Après le dernier match des Expos au Stade olympique, le mercredi 29 septembre 2004, Claude Raymond a fait un bref passage dans le vestiaire de l’équipe, mais il portait encore son uniforme lorsqu’il est allé rejoindre sa fidèle épouse, Rita, dans la salle familiale. Pas question pour lui de rentrer chez lui sans porter les couleurs du club montréalais.
«Je suis retourné chez moi à Saint-Jean-sur-Richelieu avec mon uniforme. Une fois sur place, j’ai pris une bonne douche et je me suis servi un verre de cognac», se souvient l’ancien lanceur, qui faisait alors partie du personnel d’entraîneurs des Expos.
L’aventure n’était pas tout à fait terminée, puisque les Expos devaient se déplacer le lendemain pour une dernière série de trois matchs à New York, contre les Mets.
L’équipe montréalaise avait remporté ses deux premiers matchs au Shea Stadium, avant de perdre par la marque de 8 à 1 le 3 octobre contre un certain lanceur gaucher nommé Tom Glavine. Il s’agissait du dernier match de l’histoire des Expos.
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