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2 septembre 1988 – « Human Rights Now! », Springsteen, Sting et Peter Gabriel à Wembley


Le 2 septembre 1988, une tournée de six semaines est lancée à Wembley pour célébrer le 40e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Le gratin du rock, Bruce Springsteen, Sting, Youssou Ndour, Peter Gabriel, Tracy Chapman et Joan Baez, entre autres, y prennent part.

New Jersey, années 60. Bruce Springsteen vient d’acheter un album – peut-être un des Rolling Stones – et rentre chez lui. Il le met sur son tourne-disque et c’est là que sa vie bascule. Grâce au rock, Bruce Springsteen se sent libre. Et le meilleur rock, c’est la liberté – et la liberté, c’est ce que défend Amnesty International. Lancée de cette manière par Springsteen, la tournée la plus ambitieuse que l’histoire du rock ait jamais connue débutera au stade de Wembley à Londres le 2 septembre 1988. Tournée « Les droits de l’homme maintenant ! » Le 22 septembre, Amnesty International a organisé un voyage de 56 000 km sur les cinq continents, pour célébrer le quarantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Plus de soixante mille personnes assisteront au concert de lancement, au stade de Wembley. Certains arriveront même la veille ! Dès le début de l’après-midi, les gens se massent devant les grilles du stade pour assister à ce show de plus de sept heures de musique. La programmation est impressionnante : Bruce Springsteen, Peter Gabriel, Sting, le jeune Tracy Chapman et l’artiste sénégalais Youssou N’Dour. La nomenklatura du rock en quelque sorte, et qui réservera quelques belles surprises, notamment des duos entre Springsteen et Sting.

Pour Springsteen, cette tournée marquera un tournant social et politique, un engagement qu’il ne renoncera pas dans les années qui suivront. Lors d’une conférence de presse avant le concert, il déclarera que Peter Gabriel l’a convaincu et lui a fait comprendre l’importance d’une manifestation comme celle-ci. Ensemble, ils discuteront d’Amnesty International et de la Déclaration des droits de l’homme et obtiendront son accord pour y participer. Bien sûr, les gens veulent assister à un grand concert de rock, et si leur message est reçu par quelques personnes, cela en vaudra la peine. Et comme le dirait Springsteen, ce n’est pas tant que les gens ne comprennent pas pourquoi ils sont là, ou pourquoi ils dansent. Le message sera reçu quoi qu’il arrive, et la musique peut toujours changer des vies. Et même si elle ne peut pas sauver le monde, sauver une seule personne est largement suffisant.

Un tour du monde colossal

Cette tournée sera l’un des projets les plus extraordinaires que le monde du rock ait jamais connu, un voyage autour du monde en six semaines qui passera par Paris, Budapest, Turin, Barcelone, San José au Costa Rica, Toronto, Montréal, Philadelphie, Los Angeles, Tokyo, New Delhi, Harare, Sao Paolo et Mendoza, et se terminera à Buenos Aires. Rien de plus et rien de moins que la manifestation à grande échelle la plus ambitieuse pour la liberté que le rock ait jamais imaginée. Une fête sans frontières, qui rappellera au monde que les droits de l’homme sont sacrés et qu’ils doivent être célébrés en musique, avec ce rock qui, pendant des générations entières, aura été le symbole de toutes les possibilités, du changement et de la paix.

Près de soixante-cinq mille personnes se sont rassemblées au stade de Wembley à partir de 16 heures pour applaudir l’arrivée sur scène du premier des cinq artistes qui allaient constituer l’épine dorsale de la tournée : le Sénégalais Youssou N’Dour. Sa musique fascinante et colorée, à la fois profonde et légère, soutenue par la voix très personnelle de N’Dour, allait réussir à donner le ton de ces shows si particuliers. Tout au long du concert, les représentants d’Amnesty International n’apparaîtront pas sur scène, les discours ayant été réduits au strict minimum : des affiches brandies par des militants rappelaient les nombreuses violations de la Déclaration universelle des droits de l’homme. Un spectacle de sensibilisation, sans bagarre ni rage, sans la charge électrique qui avait caractérisé le Live Aid ou le Mandela Day.

Le spectacle ne manque cependant pas d’engagement, et c’est Peter Gabriel qui nous le rappellera, en montant sur scène avec son nouveau groupe, complété par Darryl Jones et Shankar, en plus des grands Manu Katché, David Rhodes et David Sancious. En chantant, et pas par hasard, « Jeux sans frontières », ce véritable hymne international que le public reprendra en chœur et avec force. Communication, engagement et génie se fondront dans une représentation symbolique de l’œuvre de Gabriel, avec des chansons comme « Family Snapshot », « Shock the Monkey », « Don’t Give Up » ou « Sledgehammer ». L’émotion unique distillée par des chansons comme « In Your Eyes » et surtout « Biko » reprise de façon spectaculaire par des milliers de voix, dans un murmure puissant au début avant de monter en puissance pour finir par un cri primal.

Quelques minutes plus tard, Tracy Chapman arrive sur scène, seule avec sa guitare. Elle prononce quelques mots, puis laisse parler ses chansons : « Between the ligns », « Behind the wall », le splendide « Fast Car » et l’inoubliable « Talkin’ Bout a Revolution ». Un set de trente minutes. Une demi-heure de simplicité. A la nuit tombée, le stade se réchauffe et un rugissement accueille Sting et sa bande pour un set élégant, opportunément ouvert par « King of Pain » et qui se poursuivra avec « Set them free », « Fragile » ou encore « They dance alone ». Puis ce sera le grand final avec une splendide version de « When the World is Running Down, You Make the Best of What’s Still Around ».

Mais si le rock et sa portée mythique transformeront le rêve de cette tournée en réalité, c’est bien Bruce Springsteen qui en sera le héros… Et le héraut. The Boss montera sur scène et le concert changera radicalement de ton. Présenté par Jack Healy et un clip réalisé pour l’occasion par Stephen Johnson, Springsteen offrira un set fougueux, entraînant, mêlant rêve et réalité, musique et art, engagement et passion, alignant une heure de best of de grande qualité : « Born in the USA », « The Promised Land », « Cover Me », « Cadillac Ranch », « The River », « Spare Parts », « War », « My Hometown », « Thunder Road », « She’s the one », « Light of Day » et surtout « Born to Run », cette chanson symbole de la liberté, chargée de la force nécessaire à l’événement et que Springsteen chantera avec force et conviction.

Mais le moment final et le plus émouvant de cette journée sera ce final magique, inattendu, où tous les artistes réunis sur scène chanteront une version sublime et poignante de « Chimes of Freedom » de Bob Dylan, avant de clôturer cette journée unique dans les annales du rock par un hommage à Bob Marley en reprenant le slogan « Get Up, Stand Up », « levez-vous et battez-vous pour vos droits ». Ce moment fantastique de musique comme d’engagement, sera une pierre de plus ajoutée au monument à la liberté que le rock a toujours tenté de construire.

Grb2

Jewel Beaujolie

I am a fashion designer in the past and I currently write in the fields of fashion, cosmetics, body care and women in general. I am interested in family matters and everything related to maternal, child and family health.
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