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« 15 ans de prison ! C’est un merci pour avoir sauvé des vies ? »

Lille (Nord), reportage

Ce samedi 3 août, sur la place de la République à Lille, il n’y avait ni bruine ni air frais — et encore moins le match de basket de l’Equipe Etats-Unis — n’a pas empêché des dizaines de personnes de venir crier à l’unisson : «  Libérez Paul Watson »Depuis deux semaines, le militant antispéciste de 73 ans est emprisonné à Nuuk, au Groenland. Menacé d’extradition vers le Japon en raison de son combat contre les baleiniers japonais – en vertu d’un mandat d’arrêt très contestable -, il risque quinze ans de prison.

Une situation qui a révolté les manifestants lillois venus de toute la région à l’appel de Sea Shepherd Lille. A l’image de Sophie, une jeune maman venue avec sa jeune fille. «  J’ai découvert Paul Watson il y a quelques années, dans un magazine. C’est un héros des temps modernes, qui a risqué sa vie pour protéger les océans et la vie marine. Nous avons très peu de gens comme lui. Je ne peux pas imaginer Paul Watson arrêté et extradé alors qu’il luttait contre des actions illégales. »regrette Sophie.

Non loin d’elle, un manifestant ému s’exclame : «  Quinze ans de prison ! C’est tout, merci d’avoir sauvé des vies ? Je n’arrive pas à y croire, c’est incroyable. Où est la justice ? ? » «  Paul Watson se bat pour que la planète vive. Si l’océan meurt, nous mourrons. »affirme Franck Mancey, militant de l’antenne lilloise de Sea Shepherd.

Les manifestants appellent à l’action

Si les manifestants lillois se sont rassemblés, c’était clairement pour envoyer un message à la classe politique française ou européenne. «  Nous sommes là pour montrer aux politiques que la population est là. Dans ce dossier, je pense que le pouvoir politique devrait agir plus durement. »le juge FX, venu soutenir la cause avec sa fille Éléonore. «  Ce sont les politiques et la diplomatie qui doivent gérer cela. Ils doivent se rendre compte qu’il y a de grandes mobilisations, en France et ailleurs. »juge Franck Mancey.

Les manifestants espèrent également que le mouvement s’étendra à l’échelle européenne, à commencer par le Danemark. «  J’attends que le président (français) prenne des mesures diplomatiques auprès du Danemark. »Sophie espère. «  Croisons les doigts pour que le peuple danois, qui est un grand peuple, examine cette affaire et fasse le nécessaire pour que Paul Watson soit libéré rapidement. »espère Franck Mancey. Pour FX, l’Union européenne gagnerait également à adopter une position commune – ce qui n’est pas le cas actuellement. «  Le Danemark fait également partie de l’Union européenne. Ne pas pouvoir forcer un pays membre à se plierUEJe trouve cela époustouflant »se lamente FX.


FX, venu soutenir la cause avec sa fille Éléonore.
© Mehdi Laïdouni / Reporterre

Un contre-la-montre jusqu’au 15 août

La mobilisation organisée par Sea Shepherd France ce week-end est l’occasion d’alerter l’opinion publique, mais aussi de maintenir la pression sur les institutions, en vue de l’audience prévue au tribunal de Nuuk (Groenland) le 15 août. La semaine prochaine, d’autres manifestations de soutien – en France, mais aussi au Danemark – sont prévues, selon Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France.

Actuellement au Groenland, l’activiste contacté dimanche 4 août donne des nouvelles plutôt rassurantes au sujet de Paul Watson. «  Je l’ai revu vendredi (2 août), je le reverrai demain. Il a un tempérament de combattant, mais il sait que sa vie est en jeu, qu’on fait tout pour le sortir de là. Je lui ai parlé de la mobilisation qui a été mise en place pour lui, ça le touche beaucoup. »

Si les conditions de détention de Paul Watson ne posent pas de problèmes particuliers, elles pourraient être différentes s’il est extradé vers le Japon, où elles sont très difficiles. «  Nous travaillons à préparer la défense de Paul avec une équipe d’avocatsprécise Lamya Essemlali. En attendant, nous continuons à travailler à la mobilisation de l’opinion publique. Nous ferons la même chose le week-end prochain : nous préparons un événement au Danemark avant l’audience du 15 août. »

Un prix de guerre politique pour le Japon

L’affaire Paul Watson est éminemment diplomatique, et le rôle des dirigeants français et européens sera déterminant. L’Élysée a déclaré il y a quelques jours que «  La France intervient auprès des autorités danoises pour éviter l’extradition de Paul Watson vers le Japon » ; mais depuis, rien de nouveau. Sea Shepherd France, en contact avec des conseillers de l’Élysée, va prêter main forte. «  Les conseillers du président devraient recevoir des notes, des feuilles de route expliquant les détails de l’affaire, les raisons pour lesquelles le mandat d’arrêt est faux et des preuves que cette affaire est principalement politique. »déclare Lamya Essemlali.

Et d’ajouter : «  C’est un symbole à démonter, on veut faire un exemple du sacrifice de Paul Watson. Notre position est claire : il n’a commis aucun crime ni aucun délit, en application d’un moratoire international. Ceux qui ont enfreint la loi sont les Japonais, qui ont tué des dizaines de milliers de baleines. »

Lire aussi : Ce que l’affaire Paul Watson révèle sur notre fascination pour les baleines

L’entêtement du gouvernement japonais à l’encontre de Paul Watson s’explique par une prétendue «  défense des traditions »mais surtout par l’importance du lobbying en faveur de la chasse à la baleine au pays du soleil levant. «  Le gouvernement japonais promeut les hamburgers à base de baleine, une viande qui n’est pas du tout populaire. Une poignée de professionnels de l’industrie s’accrochent à de vieux privilèges et font partie d’un mouvement ultra-nationaliste au Japon. Tout cela ternit l’image du Japon. »déclare Lamya Essemlali.

En effet, pour le Parti libéral démocrate japonais (PLD) au pouvoir, la baleine représente un enjeu électoral dans certaines parties du pays, et la promotion de la viande de baleine est activement menée par les poids lourds du parti au pouvoir. Souvent de très vieux chefs, ayant connu l’après-guerre, où la consommation de viande de baleine était alors nécessaire. A l’image de Toshihiro Nikai, ancien secrétaire général du PLD :alors que le Japon a été convoqué par la Cour internationale de justice (CIJ) en 2014 pour arrêter la chasse à la baleine, il a réagi en goûtant un… curry de baleine.

Eleon Lass

Eleanor - 28 years I have 5 years experience in journalism, and I care about news, celebrity news, technical news, as well as fashion, and was published in many international electronic magazines, and I live in Paris - France, and you can write to me: eleanor@newstoday.fr
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