Empêché d’installer ses campings 4, 5 et 6 dans le secteur de Kergorvo, dès 2026, le festival a lancé un SOS fin avril 2024. La réaction de Christian Troadec, qui a dénoncé un « chantage », a été vive. Ces dernières semaines, le festival a vu plusieurs obstacles lui être mis en travers de sa route, dont l’interdiction faite aux services municipaux d’interagir avec ses équipes. Ajoutons à cela le casus belli de la redevance de 367 000 € figurant dans l’annexe à la convention de libre utilisation du site… La coupe était donc pleine, au point qu’une réunion de crise a eu lieu à la maison des services de Carhaix, le 29 mai, pour débloquer l’édition 2024. Christian Troadec était représenté par Gwen-Éric Keller, son directeur général des services.
« Dès qu’on bouge une oreille, elle se bloque »
Sous l’égide de la sous-préfète, Estelle Leprêtre, trois heures d’échanges ont abouti à un terrain d’entente. Le festival s’est dit prêt à verser les 367 000 € sous forme d’avance pour travaux. Pour le reste, pas de convention mais sept arrêtés municipaux, qui ont permis aux Vieilles Charrues de procéder au montage de son édition 2024.
La guerre froide continue, sans que la question cruciale de la mise à disposition des campings dans la zone de Kergorvo en 2026 ne soit résolue. « Plus nous avançons, plus nous sommes gênés. Son seul souhait est que nous sortions. Pourquoi un célibataire aurait-il un droit de vie ou de mort sur une association qui propose 5 millions d’euros d’avantages pour la Ville, et 2 500 embauches directes et indirectes ? », s’indigne Jérôme Tréhorel. « On va tout faire pour rester à Carhaix mais dès qu’on bouge une oreille, ça bloque », ajoute Jean-Luc Martin.
« Bien sûr, j’irai »
Un nouveau rendez-vous est donc prévu le 10 juillet, à 10h30, dans la sous-préfecture de Châteaulin. Elle réunira le préfet, le président du Conseil régional, Loïg Chesnais-Girard, son homologue du conseil départemental, Maël de Calan, Jean-Luc Martin et Jérôme Tréhorel. Christian Troadec viendra-t-il ? Va-t-il se présenter avant de claquer la porte, comme il l’a fait le 13 juin, lors du conseil de surveillance du CHRU Brest-Carhaix ? Contacté vendredi, le maire de Carhaix a expliqué que l’invitation venait de lui parvenir et que, « bien sûr, (il) s’y rendrait », avec la « volonté inchangée de faire en sorte que les grands événements puissent se dérouler dans les meilleures conditions ».
« On pourrait annoncer qu’on arrête »
Quelle que soit l’issue de cette réunion, un conseil d’administration des Vieilles Charrues se tiendra le 10 juillet au soir, après le traditionnel tirage des charrues, prévu à 18 heures. Le festival restera-t-il à Carhaix ? Va-t-il devoir déménager, avec la quasi-impossibilité de pouvoir bénéficier d’un terrain similaire l’année suivante ? « On pourrait annoncer qu’on s’arrête immédiatement », précise Jean-Luc Martin.
Plusieurs festivals convoqués par le maire
Le scénario de sortie de crise ne tient en effet pas la route. Lors d’une récente interview sur Radio Montagnes Noires (RMN), Christian Troadec a annoncé, à la toute fin de son intervention, que « la Ville de Carhaix s’est engagée, en conseil municipal, à ce qu’il y ait une fête, quoi qu’il en soit ». être, le troisième week-end de juillet. Nous avons déjà reçu plusieurs propositions ». Côté propositions, plusieurs responsables de grands festivals attestent avoir reçu un appel du maire de Carhaix. « Pas lui directement », répond Gérard Pont, patron des Francofolies. « Oui, nous nous sommes parlé au téléphone », confirme Joël Bernard, responsable des Fêtes du Bruit, qui estime « avoir de quoi faire à Saint-Nolff (56) et Landerneau (29) ».
« Vendre à prix, et aux Vieilles Charrues »
En attendant le 10 juillet, plusieurs dossiers épineux attendent Christian Troadec. La procédure de préemption, lancée par lui pour racheter les bâtiments désaffectés des chambres consulaires convoitées par les Vieilles Charrues, fait l’objet, selon nos informations, d’un recours du préfet. André Sergent, président de la chambre d’agriculture, réitère qu’il fera « tout pour réaliser ce que nous avions prévu : vendre au prix, et aux Vieilles Charrues ».
« C’est un seul homme qui décide »
Du côté de la Communauté de communes du Poher, un autre front s’est ouvert : le 20 juin, l’opposition, au grand dam de Christian Troadec, a refusé d’approuver les comptes administratifs 2023 « pour dénoncer un mode de gouvernance mondial. Il n’y a qu’un homme qui décide », critique Stéphane Cotty, maire de Plounévézel (29). Plutôt que de contacter la chambre régionale des comptes, le préfet a accordé un délai, permettant la tenue d’un nouveau conseil communautaire prévu le 11 juillet, et précédé d’une réunion de négociation… le 9 juillet. Une quasi-fête, politique celle-là !