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10 ans après, les manifestants réclament toujours la vérité

Le pays, miné par une véritable crise de disparitions chroniques et mystérieuses, commémore jeudi la tragédie survenue il y a 10 ans à Iguala : la disparition de 43 étudiants en 2014. Cette semaine, une marche et plusieurs actions sont prévues pour réclamer à nouveau le vérité.

Article rédigé par

franceinfo – Gwendoline Duval

Radio-France

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Temps de lecture : 3 minutes

Manifestation à Mexico, le 25 septembre 2024, avec des élèves et des parents de disparus. (SASHENKA GUTIERREZ / MAXPPP)

Dans la nuit du 26 au 27 septembre 2014, 43 élèves de l’école normale rurale d’Ayotzinapa ont disparu à Iguala, dans l’État de Guerrero, au Mexique. Dix ans après, le pays est toujours sous le choc de cette affairecar nous ne savons toujours pas où se trouvent les 43 étudiants et ce qui leur est réellement arrivé.

Depuis une décennie, parents et associations réclament vérité et justice, avec un sentiment de colère qui ne cesse de croître. Chaque année, ils organisent des manifestations impressionnantes à Mexico, très médiatisées. Il s’agit d’une affaire aux multiples rebondissements provoquant un scandale politique. À l’époque, le gouvernement d’Enrique Peña Nieto avait mené l’enquête et livré des conclusions complètement falsifiées. UN La version dite « vérité historique » évoquait un règlement de compte entre bandes criminelles rivales, mais cette histoire complètement inventée est aujourd’hui officiellement démentie.

Depuis, cela a été reconnu comme un crime d’État. L’affaire Ayotzinapa révèle les interconnexions entre les cartels, les autorités et l’État. Grâce aux rapports du groupe d’experts internationaux indépendants qui ont mené leur propre enquête, nous savons que la police municipale d’Iguala, la police de l’État et l’armée étaient sur place au moment de la disparition des étudiants. Ce groupe d’étudiants s’était rendu dans la ville voisine d’Iguala pour « réquisitionner des bus pour manifester à Mexico, mais il est arrêté. La participation des autorités et leurs liens avec des membres du cartel Guerrero Unidos ont été mis en évidence par des documents militaires. Il manque certaines de ces archives que l’armée refuse de transmettre.

Manifestants devant le Secrétariat de l'Intérieur (Segob) à Mexico, Mexique, le 23 septembre 2024. (MADLA HARTZ/MAXPPP)

L’actuel gouvernement d’Andrés Manuel López Obrador avait promis de résoudre cette énigme d’Ayotzinapa… Mais ce n’est toujours pas le cas. Les familles et leurs avocats ont dénoncé ces derniers mois mensonges et manœuvres pour tenter d’étouffer l’affaire. « Notre plus grande crainte est qu’il y ait de nouvelles irrégularités dans le dossiera déclaré Vidulfo Rosalez, avocats des familles des étudiants disparus. Dans la dernière ligne droite, ce gouvernement a agi de la même manière que le précédent de Peña Nieto. » Finalement, à chaque révélation, l’affaire devient encore plus obscure et après une décennie de nombreuses inconnues demeurent.

Cette affaire est emblématique au Mexique car Aytozinapa est un terrible exemple de la violence qui sévit dans le pays. Cette nuit-là, 43 jeunes ont disparu d’un coup, mais au Mexique, il y a plus de 100 000 personnes portées disparues. L’État apparaît incapable de remédier à cette crise. De plus, l’affaire révèle à quel point les droits des victimes et de leurs proches peuvent être violés et négligés par les institutions. Mais les familles d’Ayotzinapa ne veulent pas baisser les bras et cette histoire est devenue un symbole. L’enjeu est de faire d’Ayotzinapa un tournant pour mettre fin à l’indifférence des pouvoirs publics face à cette crise des disparus au Mexique.

Gérard Truchon

An experienced journalist in internal and global political affairs, she tackles political issues from all sides
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