Dans les rangs, Florence. La jeune femme était venue de Lorient avec son compagnon et leur petite-fille d’un an. « C’est super important d’être présent, compte tenu du climat actuel. Nous sommes là pour affirmer notre envie d’être ensemble ; non seulement contre le fascisme et le racisme mais pour réaliser des projets et des désirs. »
« Le moindre des choses »
Au Parc des Promenades, où le départ est donné, on croise également Michel, « le vieil anar ». Briochin, impliqué dans une association d’aide aux migrants, n’a pas hésité longtemps avant de venir. « C’est une manifestation antifasciste et antiraciste, bien sûr j’y participe ! Et il est grand temps d’agir, surtout après ce qui s’est passé à Saint-Brieuc, comme ailleurs. On a l’impression que maintenant, l’extrême droite passe comme une lettre à la poste, avec des gens qui sont là disant qu’ils vont voter RN pour essayer, s’inquiète le retraité. Mais les Français ont la mémoire courte, on oublie vite.»
La date de l’événement n’était pas une coïncidence. Il faisait référence au 21 avril 2002 et aux mobilisations qui ont suivi l’accession de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle. A la mort d’Amine Bentounsi, lui aussi tué par un policier d’une balle dans le dos dix ans plus tard.
D’ailleurs Geoffrey était « déjà là en 2002, déjà là bien avant ». « Mais à l’époque, il y avait beaucoup plus de monde », regrette le quadragénaire en regardant autour de lui. Démontrer est essentiel. C’est vraiment la moindre des choses que d’être présent, à une époque où les idées d’extrême droite s’infiltrent tranquillement dans la société.»
Banalisation
Clara et Lou, 21 et 20 printemps, n’ont pas vécu le choc du « 21 avril ». Qu’importe, les deux amis sont venus s’élever contre des idées qu’ils détestent. «Ce n’est pas normal que l’extrême droite soit de plus en plus populaire. C’est devenu largement monnaie courante. Avant, ça ne se faisait pas du tout de dire qu’on allait voter RN.» Qu’est-ce qui inquiète les étudiants ? C’est la proportion de 18-25 ans qui seront séduits par ses propositions. « Nous pensons à tort que parce que nous sommes jeunes, nous sommes progressistes… »
Dès l’arrivée, aux Halles Brassens, la fanfare fait le show. Les manifestants ne semblent pas vouloir repartir tout de suite, profitant toujours de la musique et de l’après-midi qui s’allonge. Parmi eux, Julie. « Être ici aujourd’hui est un acte citoyen, qui vient du cœur. Il est extrêmement important de promouvoir les valeurs humanistes. Nous ne devrions pas avoir à descendre dans la rue pour les défendre. » Et la Briochine se dit « très fière d’un tel rassemblement ». «C’est en train de revivre. On se demande parfois comment lutter contre l’arrivée imminente du fascisme. Et voir ça, tous ces gens, ça redonne un peu d’espoir.